Émergence 7 – Vincent Mondiot / Enora Saby

Vingt ans que je n’ai plus mis les pieds sur l’île où j’ai grandi.

Pour ma défense, nos adieux, à elle et à moi, ne se sont pas faits de la plus paisible des façons.

Vingt ans de souvenirs ressassés, de visages oubliés, de paysages déformés par les temps.

Vingt ans de cauchemars récurrents, également.

(…) Face à moi, c’est juste l’île où j’ai grandi. L’île où, ce jour là, j’ai perdu mes amis. Ma famille. Mes espoirs.

L’île où tout s’est terminé.

Inutile de ménager le suspense, j’ai adoré ce roman ! Inclassable, résolument moderne, aux confluences de la pop culture et du manga, Émergence 7 sort véritablement du lot. Totalement illustré, le roman ne contient aucune page blanche sans illustrations. Faussement enfantin, le dessin d’Enora Saby s’attache aux moindres détails tout en jouant sur un trait naïf assez rond qui tranche avec l’histoire imaginée par Vincent Mondiot. Projet hybride entre BD et album, le texte, lui, reste conséquent et fort heureusement parce qu’on s’en délecte. Un magnifique écrin donc pour un scénario qui fait vivre à ses lecteurs quantité d’émotions fortes…

Cette journée, Léon n’est jamais parvenu à l’oublier. Vingt ans plus tard, tout est encore vivace et douloureux, comme gravé dans sa chair. Ses amis, ses souvenirs, tout est là. Les flammes, la peur, la mort, les cris… ils jaillissent encore dans les cauchemars qui hantent ses nuits. Est-ce que les choses auraient pu se passer autrement ? A quel moment se sont-il rendus compte que le point de bascule était en fait un point de non retour…? En l’espace de quelques secondes, c’est toute leur enfance qui est anéantie, piétinée par un monstre gigantesque surgi de nulle part. Quelques secondes pour transformer cette petite île bretonne battue par les vents et les embruns en théâtre de l’horreur absolue. Quelques secondes pour répandre la mort et la destruction au sein de la petite bande de sept adolescents qui va tenter de survivre à cette journée terrifiante…

Gros gros coup de cœur…! Le rythme, l’attention portée à la psychologie de chacun des personnages, l’angoisse qui ne souffre d’aucun temps mort… l’immersion dans ce récit post-apocalyptique est totale. La narration n’est pas linéaire, elle oscille entre passé et présent, l’avant et l’après donnant encore plus de reliefs aux évènements tout en s’attachant aux sentiments et aux histoires personnelles de chaque adolescent. Récit de survie, chronique douce amère de la fin de l’enfance, drame des survivants qui cohabitent avec leurs fantômes… plus qu’une lecture, une véritable expérience à vivre. Foncez !

Lecture hautement addictive partagée avec Jérôme…!