Deep me – Marc-Antoine Mathieu

Noir de plomb. Couverture, dos, tranche, écritures, cases… A s’y noyer et à s’y perdre. C’est à l’aveugle que l’on pénètre dans le dernier album de Marc-Antoine Mathieu. A tâtons et sans savoir où l’on met les pieds. Une sensation de vide abyssal qui étreint le lecteur dès la première planche comme il étreint celui qu’on devine être le personnage principal, Adam. Nous ne voyons rien, Adam non plus. Pourtant Adam a repris conscience, il entend les voix de ceux et celles qui l’entourent et s’inquiètent de son état. Il leur répond même. Eux ne l’entendent pas. Là où il est, Adam est seul…

Englué dans un noir intense, Adam tente de comprendre qui sont ces gens et ce qui lui est arrivé. Tout porte à croire qu’il se trouve sur un lit d’hôpital dans un coma profond, mais qui croire… que croire…? Adam capte les sons, les voix, les interrogations des médecins, des infirmières, de celle qui se dit être son épouse mais lui n’a aucune réponse. Pourquoi il y a-t-il des policiers près de son lit ? Quel est ce code dont il devrait se souvenir ? Son esprit est alerte, à l’affût des moindres indices et petit à petit, des images se forment…

Plus des deux tiers de l’album plongé dans le noir. Jamais expérience de lecture n’aura été aussi intense et vertigineuse. Marc-Antoine Mathieu n’en est pas à son coup d’essai, sa nouvelle partition est aussi bluffante que novatrice. Osée oui mais maitrisée à la perfection. Sans jamais que ce soit artificiel ou simplement « conceptuel ». Main dans la main, le lecteur et Adam progressent dans l’obscurité et l’histoire se dévoile. Car il y a une histoire, du genre qui cogne bien fort et fait cogiter tout autant. Fascinant !

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