Années 1920. Il pleut sur Paris et le Jardin vient d’ouvrir ses portes. Devant le lourd rideau rouge encore fermé, une foule d’habitués, quelques curieux et des anonymes qui souhaiteraient le rester. Derrière le rideau, drapé de fleurs et de tissus soyeux, un jeune garçon attend le cœur battant de faire ses premiers pas sur scène.

Dans quelques minutes, il sera le centre de l’attention. Regards étonnés, bienveillants, conquis, sous le charme… Rose ne laissera personne indifférent.

Un jardin n’est pas toujours plein de fleurs, de plantes ou de verdure. Un jardin, c’est surtout un endroit où grandissent les belles choses.

Une fleur parmi les fleurs. Rose a poussé, grandi et s’est épanoui dans l’univers ouaté et capiteux du Jardin. Dans ce cabaret parisien dirigé par sa mère où toutes les danseuses portent un nom de fleur, l’ambiance y est pétillante et bon-enfant. Pour lui comme pour toutes celles qui l’entourent, il a très vite été évident que sa place était dans la lumière. Danser. Vivre la musique. Faire naitre des étincelles dans les regards. Rose est né pour ça. En quelques représentations, le jeune homme de 18 ans devient la coqueluche d’un public fasciné par son innocence et sa grâce. Depuis deux mois, Rose fait l’ouverture du spectacle deux jours par semaine et fait salle comble. A chacune de ses apparitions sur scène, au premier rang, un homme ne quitte pas Rose des yeux…

 

– Vous considérez-vous comme une femme dans le corps d’un homme ?

– Non. Je me considère comme un homme,

mais un homme qui aime tellement les femmes qu’il a envie de faire comme elles.

– Alors vous préférez donc qu’on parle de vous au masculin ?

– La plupart du temps. Mais si c’est avec respect, je ne me vexerai pas d’un « elle ».

Fleurs et rubans, robes et paillettes, Rose danse et ne se pose pas de questions. Quand on lui demande ce qui le pousse à utiliser les codes et les poses que l’on qualifie généralement de féminins, il répond simplement vouloir « sublimer le corps masculin de la même façon qu’ont les femmes de sublimer le leur. »  Sur scène, Rose n’est pas un(e) autre, il est lui-même. En accord avec cette petite musique qui résonne en lui et lui intime de vivre ses rêves. Effet de mode ou véritable ouverture d’esprit, le public du Jardin accueille Rose comme un artiste. Dans le cocon du Jardin, Rose est à sa place. Sur scène, il est exposé, dans la lumière. Dehors, aux yeux de tous, il assumera cette identité ambiguë sans choisir. Mais il devra apprendre à composer avec le succès…

Le Jardin est le deuxième album de la jeune Gaëlle Geniller (elle n’a que 24 ans !). Avec le très bel album jeunesse Les fleurs de grand frère, elle avait déjà planté une petite graine en évoquant si joliment la différence et tout ce qui nous enferme dans une case. La belle idée se développe davantage dans ce roman graphique conséquent de plus de 200 pages où son talent explose littéralement. Le portrait tout en sensibilité et en nuances de Rose, le rendu très graphique de ce Paris des années folles, cette façon très subtile de prendre ses distances avec les clichés sur le genre ou l’identité sexuelle… tout surprend et séduit dans cet album qui sera définitivement une très belle découverte de ce début d’année ! A découvrir d’urgence !

Éditions Delcourt (Janvier 2021)

Collection Mirages

224 p.

 

Prix : 25,50 €

ISBN : 978-2-413-02253-4 

BD de la semaine saumon

… chez Moka


20 commentaires

eimelle · 6 janvier 2021 à 11h10

une belle découverte pour lancer l’année deBD!

hélène · 6 janvier 2021 à 11h41

Très tentant !

dasola · 6 janvier 2021 à 14h33

Bonjour Noukette, une bd qui pourrait pour me plaire. J’aime beaucoup le graphisme et quelle beauté dans les couleurs! Bonne après-midi et bonne année 2021.

Natiora · 6 janvier 2021 à 14h52

Voilà un album qui me plairait je pense. Et puis ces dessins, tout comme j’aime !

Itzamna · 6 janvier 2021 à 15h48

Ah oui ! Une BD comme je les aime !! (enfin, des dessins et des couleurs comme je les aime) : c’est noté, merci du conseil !!

PatiVore · 6 janvier 2021 à 15h56

Les couleurs sont un peu criardes à mon goût mais pourquoi pas !

Caro · 6 janvier 2021 à 16h25

J’avais bien aimé son premier album, alors pourquoi ne pas continuer avec celui-ci ? 😉

gambadou · 6 janvier 2021 à 16h55

Très tentée par cette belle découverte que je note tout de suite, merci.

Nathalie · 6 janvier 2021 à 19h11

Oh ! J’aimais déjà beaucoup la couverture (avec cette promesse des années 20 justement) et ce que tu en dis donne très très envie….

Enna · 6 janvier 2021 à 21h56

c’est très tentant!

Hilde · 6 janvier 2021 à 22h51

Je viens de noter. J’aime beaucoup les graphismes, ça semble beau et assez subtile. Merci pour cette découverte.

Karine · 7 janvier 2021 à 05h14

Oh, want that! Merci pour la découverte.

Amandine Au Fil des Plumes · 9 janvier 2021 à 11h34

Je suis juste subjuguée par les planches! Je sens que cela pourrait être un vrai coup de coeur!

Antigone · 9 janvier 2021 à 11h38

Très tentant ! Je retiens.

Fanny · 9 janvier 2021 à 18h15

Une autrice que je dois encore découvrir! 24 ans… waouh!

Bidib · 9 janvier 2021 à 18h53

je note de ce pas !

Mylene · 10 janvier 2021 à 06h54

okiiiiiiiiiiii je note, bon démarrage pour ce début d’année !!

Blandine · 11 janvier 2021 à 10h36

A découvrir, mais sans précipitation pour ma part

Karine Minier · 20 janvier 2021 à 04h49

Oh que ça a l’air bien ça. Le thème, l’époque, le dessin… tout me tente.

Le jardin, Paris ~ Gaëlle Geniller… ma BD de la semaine !! – Les lectures d'Antigone · 8 novembre 2023 à 03h40

[…] Lu aussi par… Noukette […]

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