Leurs trois visages se dessinent sur la couverture. Hana, Fumio et Hanako. Trois générations de femmes, trois regards sur le monde et sur les hommes, trois façons de vivre sa condition de femme, d’épouse et de mère dans un Japon qui tangue entre tradition et modernité. Entre elles, un fil ténu qui parfois se distend et menace de se rompre.
Belle, instruite mais éduquée au silence et à la soumission à l’homme, Hana s’épanouit dans une certaine tradition. Protégée par sa grand-mère Toyono qui croit aux signes et aux forces ancestrales, elle va au devant de son destin et s’apprête à épouser de bonne grâce l’homme qu’on a choisi pour elle. Confrontée à une vision codifiée et archaïque de la place de la femme au sein du couple et dans la société, sa fille Fumio montrera très tôt une propension à la rébellion et un attachement viscéral à sa liberté. Malgré une éducation classique, Fumio revendiquera son indépendance et s’affranchira du carcan des traditions. Même si pour cela il lui faudra partir loin, au moins pour un temps. Devenue mère à son tour, sa fille Hanako aura toutes les cartes en mains pour faire ses propres choix et tracer son sillon, en équilibre entre deux mondes que tout oppose…
Un jour, je me marierai. J’aurai une fille et cette fille se révoltera contre moi et sera pleine d’affection pour sa grand-mère […] Mais si difficile que puisse être pour moi le présent, je dois le vivre pour que demain existe.
Au plus près des évolutions d’un pays qui s’occidentalise, le lecteur suit Hana, Fumio et Hanako, chacune de ces trois femmes apparaissant comme le symbole de son époque. Le poids qui pèse sur les épaules s’allège à mesure que le Japon fait tomber les barrières et exploser les carcans. Les moeurs évoluent, le regard change, les lignes bougent. Les envies se font moins secrètes, les désirs d’ailleurs plus tonitruants… et le temps fait son oeuvre.
Les dames de Kimoto, c’est tout ce que j’aime. Je n’ai pas lu le roman de Sawako Ariyoshi (1959) mais je comprends que Cyril Bonin ait voulu adapter ce que certains considèrent comme un chef-d’oeuvre de la littérature nippone. Une saga familiale faite de silences et de non-dits, d’amours réprimées, de bouleversements intimes qui font écho à la révolution d’un monde qui change… un terreau plus que fertile pour permettre à la sensibilté de l’auteur d’exprimer sa pleine mesure. Ce n’est pas une surprise, l’univers graphique de Cyril Bonin me séduit toujours autant. Il fait partie des rares auteurs que je suis à chaque nouvel album, quel qu’en soit le sujet. Et cette fois encore, j’ai adoré ♥
Du même auteur sur le blog : Quintett – Chambre obscure – L’homme qui n’existait pas – The Time before – La délicatesse – Amorostasia tome 1 – Amorostasia tome 2 – Amorostasia tome 3 – Presque maintenant – Stella – Comme par hasard
Les dames de Kimoto de Cyril Bonin Éditions Sarbacane (Mars 2022) 160 p. / 19,90 € / ISBN : 978-2-37731-787-5 |
Natiora Laëtitia Eimelle
Pativore Nath Mylène
Bidib Enna Blandine
Soukee Caroline Maël
Stephie
14 commentaires
eimelle · 16 mars 2022 à 08h21
Je ne connais pour le moment le travail de Cyril Bonin qu’à travers toi, mais il va vraiment falloir que je trouve une de ces BD!
Natiora · 16 mars 2022 à 09h04
Il a tout pour me plaire cet album.
Blandine · 16 mars 2022 à 09h15
Je note je note!!
Grâce à toi, j’ai découvert et aimé Stella de Cyril Bonin 😉
Mes échappées livresques · 16 mars 2022 à 10h36
Lecture à venir, je suis déjà emballée par les illustrations.
Soukee · 16 mars 2022 à 10h36
C’est tout ce que j’aime aussi, je note.
Nathalie · 16 mars 2022 à 16h09
J’ai aimé de façon assez inégale les albums de Cyril Bonin que j’ai lu. Mais celui-ci a des couleurs qui me font déjà rêver ! Et puis, le Mois du Japon, c’est bientôt, ça tombe à pic !!
gambadou · 16 mars 2022 à 17h09
Pas lu le livre non plus, tu donnes envie de lire la BD
Enna · 16 mars 2022 à 21h29
Ce que tu en dis et les planches que tu montres me font très envie!
Alex-Mot-à-Mots · 18 mars 2022 à 11h31
C’est très roses, tout de même.
Caro · 19 mars 2022 à 22h59
Sujet intéressant, mais je ne suis pas toujours fan du trait de cet auteur, trait que je trouve assez identique d’une fois à l’autre… alors ce ne sera pas parmi mes priorités, mais si je le trouve en bibliothèque, sait-on jamais ?
Mylene · 20 mars 2022 à 07h37
oki, je note de ce pas ! Merci pour la découverte 🙂
Violette · 26 mars 2022 à 18h17
whouh, au Japon! J’ai découvert l’auteur il y a peu et avec grand plaisir.
Hilde · 30 mars 2022 à 18h04
Je suis bien tentée par cette album. Je n’ai pas lu le roman non plus mais j’adore la littérature japonaise.
Bidib · 15 juin 2022 à 14h32
il me faisait envie avant de lire ta chronique, maintenant je me dit « il me le faut ! » 🙂