Méditerranée vient de perdre sa mère des suites d’une longue maladie. Triste mais soulagée, elle se rend compte qu’elle est désormais la doyenne de la famille. Quand elle regarde dans le rétroviseur, elle peine à reconnaître la splendide jeune femme qui a fait la une de Lui en 74. A 62 ans, elle compose avec sa solitude, ses rides et quelques regrets. A la tête de la fromagerie familiale, sans mari ni enfants, ses plus beaux moments semblent derrière elle…

Ulysse perd subitement son emploi de déménageur. La boite a des difficultés et a décidé de garder les jeunes recrues pour faire tourner l’affaire. Veuf depuis déjà de nombreuses années, il perd d’un coup tous ses repères et peine à trouver une raison à se lever le matin. A 59 ans, il ne sait comment occuper ses journées ni à qui donner de ce temps qui s’offre désormais à lui. Jamais remis de la mort prématurée de l’amour de sa vie et de sa fille de 16 ans, il vit avec des fantômes et ne trouve aucun goût aux jours qui défilent…

« Le corps se résigne plus vite que l’âme. Le temps le ride, l’injurie, l’humilie. Il fait avec, le corps, beau joueur. L’esprit, lui, est mauvais perdant. Il ne conçoit que par à-coups, par révélations douloureuses, par effrois successifs ».

Deux solitudes. Deux âmes cabossées. Et la route est peut-être encore longue pour ces deux-là. Un joli chemin de traverse, comme un petit coup de pouce du destin pour offrir à Méditerranée et Ulysse une nouvelle chance d’être heureux. Ils y ont droit à ces instants partagés, à ces petits riens du quotidien qui font la trame des souvenirs… Ils y ont droit à ces emportements d’adolescents, à l’urgence des corps qui s’apprivoisent dans des draps froissés. Ils y ont droit à cet amour qui leur tombe dessus, malgré les chairs qui s’affaissent et les visages qui se creusent…

Toujours là où on ne l’attend pas ce Zidrou. Toujours au plus prés de l’homme, de ses blessures, de ses rêves trop vite oubliés, de ses espoirs un peu fous. Comme toujours chez le scénariste, tout est un prétexte pour parler des hommes et de ce qui les relie. Imparfaits, humains, profondément humains, les personnages de Zidrou nous touchent parce qu’ils sont vrais. Toujours juste, Zidrou est l’homme de la situation quand il s’agit de parler d’amour, quels que soient les chemins qu’il prend. Jamais il n’en fait trop. Ou si, peut-être un peu, mais on lui pardonne. En tous cas moi je lui pardonne…

Et quel joli duo que celui qu’il forme là avec la talentueuse Aimée de Jongh ! Découverte avec le splendide Retour de la Bondrée, elle retranscrit à merveille la rencontre de ces deux solitudes et le langage des corps, unique et profondément intime. Aucun filtre, aucune pudeur, aucun voyeurisme non plus dans cette peinture du temps qui passe. Et l’essentiel est dit.

Merci du cadeau jolie mouette ♥

Les avis de Brize, Jacques, Le petit carré jaune, SabStephie, The autist reading

Éditions Dargaud (Juin 2018)

144 p.

 

Prix : 19,99 €

ISBN : 978-2-505-06756-6

 

BD de la semaine saumon

… chez Moka


18 commentaires

Nathalie · 6 mars 2019 à 08h31

J’ai beaucoup aimé aussi ! Même si, effectivement, la fin peut paraître. ..étrange ?

Natiora · 6 mars 2019 à 08h39

J’ai très envie de lire cet album à mon tour, c’est tellement touchant…

Soukee · 6 mars 2019 à 09h15

Oh qu’il a l’air tendre cet album… Et puis Zidrou aux manettes, c’est gage de qualité, qu’on se le dise…

Stephie · 6 mars 2019 à 10h15

Moi je trouve qu’à la fin, il en fait quand même un peu trop… et que de fait, il le leur refuse hein ce bel amour auquel ils ont droit… parce que le cadeau pourri, tiens…

Autist Reading · 6 mars 2019 à 10h43

Comme beaucoup, je regrette le parti-pris de la fin, mais ça n’a pas été suffisant pour gâcher l’ensemble, heureusement.
J’adore le commentaire de Stéphie, si juste !! 🙂

eimelle · 6 mars 2019 à 10h51

déja noté un mercredi!

Amandine · 6 mars 2019 à 14h10

Zidrou forever!!

Krol · 6 mars 2019 à 15h54

Je comptais publier mon article sur cette bd demain… Et je suis entièrement d’accord avec Stephie !!! Je n’ai pas du tout aimé la fin !

Sandrine · 6 mars 2019 à 16h12

Merci pour le rappel. Un Zidrou : ça devrait me plaire 🙂

Fanny · 7 mars 2019 à 09h07

Je l’emprunterai c’est sûr même si vu les commentaires je dois m’attendre à un truc un peu « moche » avec la fin.

Jerome · 8 mars 2019 à 12h45

Elle m’intrigue du coup cette fin qui divise ! Il est emprunté à la médiathèque, mais je vais le réserver pour pouvoir le découvrir dès que possible cet album.

gambadou · 8 mars 2019 à 22h52

Super, merci pour cette découverte

Mylene · 9 mars 2019 à 10h00

dans ma liste d’envies !!

Cristina · 9 mars 2019 à 21h00

Très envie de la découvrir… Un Zidrou forcément !

Iluze · 10 mars 2019 à 15h19

Ah ce Zidrou, toujours partout, toujours tentant !

Alice · 11 mars 2019 à 11h15

J’ai bien aimé l’approche des corps, même si j’ai trouvé que la femme paraît plus vieille que son âge, mais c’est important de montrer la beauté au-delà des standards. En revanche, le final, bof bof, pas indispensable et peu crédible, dommage.

Blandine · 12 mars 2019 à 16h56

Pas franchement tentée.
Ni par le sujet, ni par le traitement (même si je reconnais que le trait semble beau)

Caro · 8 avril 2019 à 17h02

J’ai apprécié cet album, sauf la fin que j’ai véritablement détesté : c’est improbable au possible, complètement à côté de la plaque pour moi. Dommage, il y avait moyen de mieux terminer…

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