Grosse ambiance dans le petit appartement parisien de Samuel. Seul devant les 35 bougies de son gâteau d’anniversaire et la bouteille de champagne qu’il finira par avaler cul sec,  le moral n’est pas au beau fixe. Comme chaque année depuis leur rupture, il finit par appeler Armelle qui l’a quitté 8 ans auparavant, lasse de son manque d’ambition, de son immaturité et de son incapacité maladive à s’engager. Renvoyé à ses échecs, Samuel est seul, désespérément. Et impossible d’explorer le répertoire de son téléphone pour aller à la chasse aux éventuels amis, celui ci finit noyé dans le champagne…

Pourtant, Samuel aimerait bien parler à quelqu’un. Histoire de tuer le temps, de se sentir moins seul. Alors il décroche le téléphone fixe et compose le seul numéro qu’il connait encore par cœur, celui de la maison de son enfance. Et à l’autre bout du fil, une petite voix. Celle d’un jeune garçon mal réveillé qui pense à une blague de son oncle. Un petit garçon qui lui fait remarquer qu’il est tard, que son papa est au travail et que sa maman dort. Un petit garçon qui dit s’appeler Samuel Verdi. Comme lui…

Tu me donnes pas envie de grandir…

Pas de foot ! Pas de copains ! Pas de voyages ! Et pas d’amoureuse ! Si je ne t’avais pas demandé, t’aurais même pas commencé à écrire. T’es pas moi ! C’est pas possible ! T’as trop changé !

L’enfant que j’étais n’aime pas l’adulte que je suis… J’ai abandonné mes rêves… J’ai trahi mon âme d’enfant…

Que dire à l’enfant que l’on était vingt-cinq ans plus tôt ? Que faire de ces rêves piétinés et rangés aux oubliettes de la mémoire ? Est-ce que l’enfant qu’on était, celui qui se voyait footballeur, rêvait de parcourir le monde et d’écrire des romans, serait fier de l’adulte que l’on est devenu…? La vie offre parfois des secondes chances. La possibilité de regarder dans le rétroviseur, de déplacer le curseur, de bouger les lignes. Il suffit parfois d’une petite voix, celle de l’enfance enfouie qui ne se contente pas de demi-mesures, de choix par défaut ou d’itinéraires bis. Celle de l’enfant qui n’a peut-être pas totalement renoncé à ses rêves…

Je n’ai pas lu le roman de Cyril Massarotto et ne le ferais probablement jamais. J’imagine un petit côté « feel-good » et je ne suis pas certaine d’y trouver mon compte. Par contre, ces ingrédients et cette histoire là confiés à Grégory Panaccione… c’est du pain béni. J’aime énormément son univers. Tendre et poétique dans Un océan d’amour, foutraque et délirant dans MiniVIP & SuperVIP, loufoque et déjanté dans ToaJêne, l’illustrateur ici seul aux commandes se joue des codes de la comédie romantique. C’est à nous qu’il parle, à l’enfant qu’on a été, à celui qu’on n’a jamais cessé d’être. Ça ne fait jamais de mal de se regarder un peu le nombril…

Graphiquement, c’est explosif, audacieux, souvent surjoué, un peu grossier… et moi j’adore. Tout est dans les détails, la mise en page, la construction des planches qui sortent le lecteur du côté un peu trop confortable, douillet et du coup bien trop plan-plan que l’on associe généralement à ce type d’histoire. J’ai beaucoup, beaucoup aimé !

Une lecture que je partage avec Fanny qui elle découvre, un peu moins enthousiaste pour l’instant, l’univers Panaccione. Je me fais fort de la convaincre de retenter l’expérience…!

L’avis de Sabine

Quelqu’un à qui parler de Grégory Panaccione (d’après le roman de Cyril Massarotto)
Éditions Le Lombard (Août 2021)
256 p. / 22,50 / ISBN : 978-2-8082-0240-4

BD de la semaine saumonChez Moka


12 commentaires

Fanny · 20 octobre 2021 à 09h32

Je ne lirai pas non plus le roman, comme tu dis, le côté feel-good ne me plairait pas.
Tu est beaucoup plus enthousiaste que moi 😀

Moka · 20 octobre 2021 à 13h35

Sur le papier, l’auteur me donne envie de découvrir ce titre. En revanche, pas sûre d’être convaincue par le propos et ce qu’en dit Fanny pourrait bien avoir raison de moi.

gambadou · 20 octobre 2021 à 14h44

Pourquoi pas, cette rencontre m’intrigue

LAURENCE JACQUEMIN · 20 octobre 2021 à 15h58

Moi j’avais lu le roman et en effet, passé l’idée sympa du coup de téléphone temporel, c’était assez feel good et peu mémorable. Je suis bien tentée de découvrir la version de Panaccione car j’aime beaucoup sa sensibilité et ce qu’il fait.

Bidib · 20 octobre 2021 à 16h13

je ne suis pas sûre d’accrocher au graphisme, en revanche le thème me tente bien 🙂

Mes échappées livresques · 21 octobre 2021 à 09h13

Le roman m’attend justement depuis un moment mais la BD me tente énormément. A voir si je saute la case roman car j’adore Panaccione !

Nathalie · 21 octobre 2021 à 15h41

L’histoire me tente à priori plus que les illustrations, mais de toute façon, Sabine m’avait déjà convaincue de le noter…

Hilde · 21 octobre 2021 à 20h29

J’aime bien l’idée développée dans cette BD ! Je pense que ça me plairait. 🙂

Antigone · 22 octobre 2021 à 14h32

Je me laisserais bien tenter.

Mylene · 24 octobre 2021 à 07h35

je suis vraiment bien tentée !!

Violette · 29 octobre 2021 à 15h46

Pour une fois, je n’ai pas envie de lire le roman avant la BD mais l’album me tente pour l’auteur, bien sûr.

Blandine · 3 novembre 2021 à 10h33

J’aime beaucoup l’idée de départ. Cet album a tout pour me plaire !

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