Je ne sais plus trop pourquoi j’ai eu envie de découvrir ce roman. Peut-être parce qu’il est écrit par un jeune auteur et que l’idée de découvrir une plume potentiellement pleine d’audace et d’irrévérence a tendance à me titiller, allez savoir… Je suis donc partie à l’aveuglette dans cette histoire, sachant qu’il y était question de mathématiques et d’amour, deux concepts qui sont pour moi complètement antinomiques il faut bien l’avouer…
Pour être honnête, j’ai progressé à tâtons, d’abord un peu dubitative, le personnage principal cumulant les traits de caractère qui on tendance à me hérisser le poil. Et puis, petit à petit, au fur et à mesure de son évolution, j’ai fini par trouver assez jubilatoire de le voir s’embourber dans ses contradictions…
Ce roman condense en peu de pages l’histoire de Thomas d’Arville, élève brillant promis à un avenir tout aussi brillant dans le monde des mathématiques. Une légende à Louis Le Grand, un espoir pour tous ses professeurs qui le voient déjà lauréat de la médaille Fields dans quelques années, voire même prix Nobel. Ce que Thomas n’a pas vraiment du mal à imaginer non plus d’ailleurs… Pourtant, quand Laurent Kropst, lui même ancien élève des classes préparatoires, le croise dans les jardins du Luxembourg, l’étoile montante des mathématiques a l’air d’avoir pris un sérieux coup dans l’aile. Alors que l’avenir lui souriait et que tout le monde croyait en lui… le voilà devenu professeur dans un lycée de Goussainville. Comment a-t-il pu en arriver là ? Qu’est-ce qui a pu le faire dévier de sa route toute tracée et le faire tomber si bas…? La raison se trouve au Japon et se nomme Ayako…
Grandeur et décadence d’un petit génie. Si au départ je m’attendais à une histoire assez anecdotique, du genre vite lue, vite oubliée, c’était sans compter le talent de l’auteur à tisser serrée la toile d’araignée autour de son héros. C’en est réjouissant. Laurent est finalement le seul responsable de sa chute. Arrivé au Japon pour un stage à la veille de la catastrophe de Fukushima, il ne se résoudra pas à y laisser la jeune japonaise qu’il vient d’y rencontrer et dont il croit tomber profondément amoureux. Quand il finit par rentrer à Paris, c’est avec elle. Et là commence la vraie galère…
Réjouissant, je ne vois pas d’autre mot. Je me suis laissée embarquée, même pas rebutée par les quelques passages matheux et intellos, c’est dire. L’auteur a une vraie plume, moderne, parfois acide et un brin dérangeante. Il a quelque chose de brillant lui aussi, comme son personnage, et on sent bien qu’il a fréquenté les grandes écoles et qu’il en connaît bien les rouages. Du coup, c’est un vrai régal et ça sonne vrai.
C’est élégant, même un peu classieux par moments. Il y a de l’audace, plein, et ça j’aime. Les élites en prennent un coup de même que la délicate équation études/carrière. Et là, ça sonne encore plus vrai. Quant à l’histoire d’amour entre le petit prodige des maths et la jeune japonaise, si on sent bien qu’elle est morte dans l’œuf, lui n’a l’air de rien voir venir… Comme quoi, on n’échappe pas à son destin…
Les avis de Cuné, SophieLit, Yv…
Premières phrases : « Laurent Kropst marche seul sur le chemin de gravier. Traînant sa valise derrière lui, il jette de temps à autre un regard aux alentours, et il se presse, car le soleil l’aveugle. Il se trouve dans une cour large, tapissée de pelouses en forme de losanges, à l’herbe rase et vallonnée ; au centre un gymnase couvert protubérant émerge du sol comme un vieux galion, et tout autour des allées délimitent les bords des pelouses. Il insère sa clé dans la porte d’entrée de la résidence, monte des escaliers blancs, atteint le palier du troisième étage. Voici donc l’endroit où il va loger cette année. »
Au hasard des pages : « Il avait d’abord pris conscience de la possibilité de cette « pureté » dans les mathématiques. Elle lui apparaissait désormais dans l’amour. Cela signifiait qu’il pourrait certainement l’étendre bientôt à sa vie entière, à tous ses actes et à tous ses sentiments ! se disait-il. C’était un épanouissement total. » (p. 90)
Éditions Métailié (Septembre 2014)
140 p.
ISBN : 978-2-86424-962-7
Prix : 15,00 €
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chez Hérisson !
22/24
24 commentaires
jerome · 30 octobre 2014 à 08h13
Je ne sais pas si j’arriverai à digérer les passages matheux et intellos. En fait je crois que non 😉
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h27
Et bien tu aurais tort, si, si ! Et c’est une nulle en maths qui te le dit ! 😉
cristie · 30 octobre 2014 à 09h19
Je crois que les dits passages matheux et intellos me retiennent aussi !
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h28
Ces fameux passages sont véritablement anecdotiques dans le roman, vraiment !
luocine · 30 octobre 2014 à 10h20
ce que tu dis de ce roman me tente ; je vais le mettre dans ma liste ;;
un jour je publierai cette fameuse liste! Parfois je suis désespérée de tout ce que je n’ai pas lu et qui s’y trouve encore..
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h29
Comme je te comprends… Elle est horrible cette fameuse liste d’envies, à sans arrêt nous titiller… 😉
L'Irrégulière · 30 octobre 2014 à 11h18
J’avoue que les signes ésotériques sur la couverture me font fuir (je suis dyscalculique, mon excuse est donc médicale)
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h31
Dyscalculique ? Comme moi ! Et ça ne m’a pas gêné ! (Et puis y’a amour dans le titre, ça ne te parle pas ça ? 😉 )
Sandrine · 30 octobre 2014 à 11h47
Ah ah ! Intéressant comme thème étant moi même « matheuse » 😉
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h31
Et il n’est pas question que de maths dans ce roman, loin de là ! 😉
zazy · 30 octobre 2014 à 21h49
Yv, toi…. je ne peux faire autrement que de le noter
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h33
Ravie d’avoir réussi à te tenter ! 😉
Sous les galets · 31 octobre 2014 à 07h06
Je le veux absolument Noukette, l’histoire d’un type qui avait tout pour réussir et qui se plante, j’adore . Et si les élites s’en prennent pour leur grade ça me va aussi, et si en plus il y a un petit peu de Japon dans tout ça, je signe.
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h34
Je te l’envoies si tu veux ! 😉
Yv · 31 octobre 2014 à 13h47
Je te rejoins, j’avais eu la même sensation sur son premier roman, Le théorème de Kropst, concernant les maths et les passages intellos, mais l’auteur a le talent de les faire passer tranquillement sans que l’on soit rebuté, au contraire… Vraiment je conseille les deux romans et moi on plus, je n’aime pas les maths et n’y comprends pas grand chose ni les intellos qui peuvent parfois mépriser ceux qui ne le sont pas ce qui n’est absolument pas le cas ici.
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h40
Je suis ravie de la découverte, oui, et je pense que je relirai l’auteur avec plaisir !
Anne Sophie · 31 octobre 2014 à 21h56
Je tenterai peut être…
Et j’ai hâte de voir ce que tu penses du Delacourt, qui fut pour moi une grosse déception
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h42
J’ai déjà parlé du Delacourt… et contrairement à toi c’est un coup de cœur ! 😉
keisha · 2 novembre 2014 à 11h16
Comme Yv, je te conseille fortement son premier roman (hélas ce deuxième je ne l’ai pas encore lu)(j’aime les maths, de toute façon)
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h46
Il y a des chances que je le lise oui, j’aime bien la plume de ce petit gars ! 😉
Moka · 2 novembre 2014 à 11h27
Voilà un troisième titre que l’on me suggère avec une histoire de Maths. J’ai peur.
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h47
😀
Alex-Mot-à-Mots · 2 novembre 2014 à 19h00
Il y’a donc des passages matheux ou intellos.
Noukette · 5 novembre 2014 à 22h48
Mais pas que…! 😉