Cinquante-six ans que Zika et Joseph s’aiment d’un amour tendre et exclusif. Un amour qui reste intact après toutes ces années, toujours aussi pur, toujours aussi passionné. Des années que les vieux amants ont traversé ensemble, sans jamais se quitter une seule seconde, partageant leurs habitudes, leurs rituels rassurants…
Quand il apparaît que Zika doit se faire soigner le coeur, ils n’ont d’autre choix que de laisser leurs enfants décider pour eux. Isabelle habite seule un petit appartement à Paris mais elle est proche d’un hôpital et de spécialistes qui pourront prendre en charge sa mère. Le temps de son traitement, Zika habitera donc chez elle pendant que Joseph sera hébergé chez leur fils, Gauthier, à Monfort. Une séparation qu’ils peinent à envisager et qu’ils espèrent la plus courte possible…
Pour tenter d’oublier les kilomètres qui les séparent, Zika et Joseph s’écrivent. Des lettres à la fois douces et enflammées qui disent tout l’amour qu’ils se portent. Des lettres qui disent le manque… atroce, l’absence… douloureuse. Des lettres comme des bouteilles à la mer, des appels au secours…
Des lettres où se révèlent petit à petit les failles de ces enfants qu’ils pensaient connaître. Des lettres où pointent les frustrations des uns, les reproches des autres, les colères étouffées et les vieilles rancoeurs…
Ce roman m’a littéralement chamboulée… C’est une lecture dont on ne ressort pas indemne tant elle vient vous chercher loin…
J’ai tout de suite aimé ces deux amants, qui, au crépuscule de leur vie, s’aiment comme au premier jour. Touchant, rassurant… J’ai aimé leurs vibrantes et fougueuses déclarations d’amour, leurs petites querelles d’amoureux, leurs emportements d’adolescents jaloux pour qui l’amour ne peut être qu’exclusif… Un amour dont leur fille Isabelle s’est toujours sentie exclue… Et même si l’on sent le drame qui se noue insidieusement, on est loin de s’imaginer les dégâts que cet amour a pu engendrer autour de lui…
Oui, ce roman chamboule… Il égratigne le sacro-saint amour que se doivent parents et enfants, il remue profondément, dérange et lacère le coeur…
Il y aurait tant à dire sur ce roman qui parle magnifiquement bien de la vieillesse, du couple, de la famille, des responsabilités des uns et des autres, des souffrances contenues…
Tant à dire sur ces choix que l’on fait, cet amour que l’on croit donner et ces erreurs qui finissent fatalement par nous exploser au visage… Tant à dire sur cette cruauté, larvée, qui ne dit pas son nom…
Mais je n’ai pas les mots… Sachez seulement que ce roman est un énorme coup de coeur, rare et précieux, que je porterai longtemps en moi… Mille mercis Frédérique Martin…!
Une lecture que j’ai le plaisir de partager avec Lucie et Leiloona, toutes deux KO..!
Les avis de Stéphie, Clara, George, Laure, Jacky, Aifelle, Fransoaz, Gambadou, Sabeli, Emma, Caroline…
Premières phrases : « Ma très chère femme, Comment a débuté ce grand bazar ? J’ai l’impression d’avoir vécu sans prendre les bonnes décisions et d’avoir été roulé sur soixante-dix sept ans comme un vulgaire caillou. A part notre mariage, tout s’est décidé sans moi. Je me revois travailler la terre des autres en rêvant de posséder la mienne, sarcler, dépierrer, semer et récolter, toujours comme une brute, tête baissée. Le pli est pris, et aujourd’hui encore je suis incapable de me redresser alors qu’une colère sourde voudrait me faire lever le poing pour réclamer des comptes. Est-ce ma faute si je suis né pauvre ? Est-ce ma faute si je suis devenu vieux ? Et puis je voudrais abattre mon bras et fendre la table où je t’écris. Mais je la boucle, je serre les dents. Tais-toi, Joseph, ne va pas faire d’histoires. C’est là toute mon éducation. »
Au hasard des pages : « Dans leurs premières années, les enfants ont un don pour nous pardonner. Sans leur bienveillance, nous ne traverserions pas l’épreuve d’être parents. Ils ignorent nos faiblesses, nous croient sur parole et espèrent en nous, plus que nous-mêmes. Sans lucidité, cette loyauté finit par les asservir, ou bien elle les écrase et dévore toute leur capacité de confiance. Il faudrait dire aux enfants qu’ils ont des attentes démesurées, que les hommes sont trop vulnérables pour se hisser à l’égal d’un dieu. Les prévenir pour qu’ils puissent passer à autre chose et laisser derrière eux les indésirables. Les éparpiller comme des petits poulets en leur criant : je ne suis pas celui que tu vois ! Jeter le grain plus loin que soi. Mais, pour cela, il faudrait s’armer d’un courage immense et renoncer à se sentir merveilleux. » (p. 64)
« Je suppose qu’à un moment on tombe de l’enfance, on s’en écrase comme d’un pommier trop haut quand on se rend compte que vieillir, c’est une manière lente de disparaître. » (p. 70)
« Voilà, ainsi va la vie, on se tourne vers le passé, on se projette vers l’avenir, impuissants à savourer le moment présent. Cette brise sur ma joue surgie par le fenêtre ouverte, le crissement du papier, le rire doux de Rosalia, toutes ces sensations devraient s’ancrer là, maintenant, durant leur brève existence, avant de disparaître à jamais. Il faudrait laisser leur place, donner leur poids à chaque mot, chaque seconde, demeurer dans la présence simple et attentive, demeurer et vivre, vivre. Mais non, à la place, on espère ou on se souvient, c’est regrettable sans doute, mais c’est ainsi. » (p. 124)
« C’est rude de comprendre à mon âge qu’on ne connaît vraiment personne, ceux qu’on aime sans doute moins encore que les autres. Le coeur s’installe dans les yeux pour nous aveugler, on lui laisse prendre ses aises. Est-ce que dans toute relation, on rêve seulement qu’on est deux, est-ce qu’on jette une grande partie de ses forces pour maintenir l’illusion et ne pas avoir à découvrir qu’on est seul, absolument seul chacun de son côté, à s’embraser pour un autre qui n’a pas de réalité ? Eh bien, même si c’était seulement ça, aimer, il faudrait le prendre, nous n’avons rien de meilleur à proposer. » (p. 146)
Éditions Belfond (Août 2012)
220 p.
Une nouvelle lecture
pour le challenge 1% rentrée littéraire !
Et une nouvelle participation au challenge Petit Bac
chez Enna !
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45 commentaires
Commentaire n°1 posté par Aifelle · 21 mai 2013 à 06h31
Au début, on a l’impression d’avoir affaire à une histoire assez banale et puis, plus on avance, moins elle l’est, avec des retournements inattendus. Malgré quelques invraisemblances, j’avais beaucoup aimé le ton de ce roman.
Noukette · 22 mai 2013 à 00h06
C’est un roman très juste, très beau… très dur aussi… La vie quoi…!
Commentaire n°2 posté par Stephie · 21 mai 2013 à 07h18
Ahi !! Toi aussi ! Suis trop contente !!
Noukette · 22 mai 2013 à 00h06
Englouti…! On en ressort groggy !
Commentaire n°3 posté par Mango · 21 mai 2013 à 08h22
Contrairement à toi, je n’ai pas réussi à aimer Zika dont je n’aurais pas aimé être la fille tant elle est concentrée sur son seul vériatble amour tellement au centre de sa vie que les autres autour d’elle se sentent souvent exclus. A part ça , c’est un beau roman qui a tout pour plaire.
Noukette · 22 mai 2013 à 00h10
Tu n’en as pas parlé non…? Je ne crois pas avoir vu ton billet…
Zika se révèle au fur et à mesure du roman, j’avoue lui avoir préféré son mari… Joseph m’a émue, beaucoup…!
Commentaire n°4 posté par Alex-Mot-à-Mots · 21 mai 2013 à 08h27
Je te sens bouleversée par cette lecture.
Noukette · 22 mai 2013 à 00h10
C’est le cas ! Un coup de coeur autant qu’un coup de poing !
Commentaire n°5 posté par lucie · 21 mai 2013 à 08h44
Ravie d’avoir partagé avec toi la lecture de ce roman si fort. On ne risque pas de l’oublier de sitôt.
Noukette · 22 mai 2013 à 00h11
Non, on ne risque pas de l’oublier celui là ! Et on va s’empresser de le partager, de l’offrir… et de le relire aussi ! 😉
Commentaire n°6 posté par Cess · 21 mai 2013 à 11h03
Wow, tu sais donner envie. C’est noté.
C’est sous forme épistolaire uniquement ?
Noukette · 22 mai 2013 à 00h12
Oui, uniquement… et c’est vraiment très très réussi…!
Commentaire n°7 posté par gambadou · 21 mai 2013 à 11h07
Je suis contente de te voir si enthousiaste. Un véritable coup de coeur pour moi. Mais dans lez groupe de lecture ou je l’ai fait tourner, les avis sont beaucup moins positifs…
Noukette · 22 mai 2013 à 00h13
Je crois que c’est chez toi que j’avais noté ce roman pour la première fois. Je l’avais acheté très vite, et puis le temps est passé… Quelle bonne idée j’ai eu de le sortir de mes étagères !
Je comprends que les avis divergent… La fin est brutale et met mal à l’aise…
Commentaire n°8 posté par Frédérique M · 21 mai 2013 à 13h36
Un grand merci Noukette pour ce coup de coeur qui va droit au mien.
Noukette · 22 mai 2013 à 00h14
C’est moi qui vous remercie… Votre roman est un cadeau ! Je l’ai lu en apnée… et j’en suis encore sous le choc !
Commentaire n°9 posté par clara · 21 mai 2013 à 16h59
oui , un très beau roman !
Noukette · 22 mai 2013 à 00h15
Magnifique, poignant, douloureux… mais tellement beau !
Commentaire n°10 posté par cristie · 21 mai 2013 à 20h07
Très envie de le lire aussi ! 😉
Noukette · 22 mai 2013 à 00h15
Comme je te comprends…!
Commentaire n°11 posté par jerome · 21 mai 2013 à 21h26
Pour quelqu’un qui ne trouve pas ses mots tu en parles drolement bien je trouve. Plus je lis d’avis sur ce roman et plus je me dis qu’il est fait pour moi. Reste plus qu’à lui trouver une petite place dans ma trop grande pal…
Noukette · 22 mai 2013 à 00h16
Je peux te l’envoyer si tu veux… J’adorerais lire ton avis sur ce roman…!
Commentaire n°12 posté par cartonsdemma · 22 mai 2013 à 17h11
Chamboulée…, c’est bien le mot. J’ai beaucoup de mal à lire depuis, je suis encore assez marquée par ce roman et ce personnage de Joseph qui m’a touchée.
Noukette · 24 mai 2013 à 00h16
Le personnage de Joseph est difficile à oublier oui…
Commentaire n°13 posté par Fransoaz · 23 mai 2013 à 11h16
Un roman bouleversant et des personnages qui nous hantent longtemps… Il faut très bien cerner et connaître la personne avant d’offrir cette verveine en cadeau, je ne sais pas si j’oserai…
merci pour le lien et ton avis si enthousiaste.
Noukette · 24 mai 2013 à 00h22
Merci à toi, j’aime beaucoup beaucoup ton billet…!
Je comprends ce que tu veux dire, offrir cette verveine en cadeau, c’est quelque chose… Mais comment s’en priver…?
Commentaire n°14 posté par Leiloona · 23 mai 2013 à 17h25
Quel beau livre. Et surtout des phrases qui restent en nous …
Noukette · 24 mai 2013 à 00h22
Je ne te dis même pas le nombre de pages que j’ai cornées (oui je corne les pages, c’est mal…)
Commentaire n°15 posté par Anne · 23 mai 2013 à 23h21
J’ai déjà très envie de lire ce roman, là tu m’achèves ! (Mais il attendra la sortie poche, je crois.)
Noukette · 24 mai 2013 à 00h25
Tu le trouveras bien d’ici là non…? Il serait dommage de passer à côté !
Commentaire n°16 posté par lasardine · 26 mai 2013 à 19h44
chamboulée, KO… OK j’ai compris! 😉
Noukette · 28 mai 2013 à 22h40
Je vois que tu as compris le message… je te félicite !! 😉
Commentaire n°17 posté par Océane · 26 mai 2013 à 19h48
On dirait que tu as été happée, émue, tes mots sont enthousiastes et flatteurs, cela mérite bien qu’on te fasse confiance et qu’on tente l’aventure de découvrir ce roman 🙂
Noukette · 28 mai 2013 à 22h42
C’est un petit bijou, de ceux qui donnent le sourire, font réfléchir et égratignent profondément… A lire, vraiment…!
Commentaire n°18 posté par Secrète Louise · 27 mai 2013 à 08h41
déjà je suis attirée par le genre épistolaire
tu en parles si bien que je le mets en haut de la pile à lire
Noukette · 28 mai 2013 à 22h50
C’est un roman très particulier, il bouscule, il dérange, il émeut… J’espère qu’il saura te toucher…!
Commentaire n°19 posté par Manu · 2 juin 2013 à 09h25
On te sent vraiment émue par ce roman !
Noukette · 3 juin 2013 à 00h10
C’est une des lectures les plus marquantes de ces derniers mois !
Commentaire n°20 posté par Livr-esse · 9 juin 2013 à 20h39
Il est noté mais j’attendrai sa sortie poche.
Noukette · 11 juin 2013 à 23h37
J’espère que ce roman aura un joli parcours, il le mérite !
Céline · 29 août 2014 à 09h41
Les extraits choisis et ce que tu en dis me donnent très très envie de sauter sur ce roman !
Noukette · 29 août 2014 à 22h59
Fonce, c’est une merveille… ♥
Mélo · 7 novembre 2014 à 18h31
Je suis contente de lire tant de beaux billets sur une lecture terminée hier qui m’a laissée muette. 🙂
Noukette · 13 novembre 2014 à 18h42
Comment ne pas aimer ce roman ? Une vraie merveille !
Le vase où meurt cette verveine, Frédérique Martin | Carnet de lectures (et autres futilités) · 7 novembre 2014 à 13h44
[…] ont aimé aussi : Aifelle – Clara – Leiloona – Noukette – Sandrine – Séverine – Stephie – Elles sont plus mitigées : George […]