un refrain sur les murs

 

Voilà un roman qui a fait beaucoup parler de lui à sa sortie, les avis élogieux ont fleuri sur la toile, à tel point que, n’y résistant plus, j’ai eu l’envie irrépressible qu’il fasse une escale chez moi ! Merci à toi, Sandrine, d’en avoir fait un livre voyageur !

Et effectivement, j’ai englouti ce livre, je l’ai même dévoré…

Peut-être parce que c’est une histoire de femmes, peut-être parce que les personnages ont tous une fêlure, là, quelque part, visible ou profondément enfouie…

Peut-être parce que c’est l’histoire d’une belle rencontre, de celles qui changent une vie, la rendent incroyablement belle, lui redonnent les couleurs qu’elle avait perdu…

 

« Vous êtes incroyablement inhabituelle. La peur est tellement en vous, des pieds plantés à la tête hébétée, que c’est comme si ses effets disparaissaient. Alors vous me faites entrer chez vous ; alors vous vous laissez traverser par les démons. Et vous bougez les lignes par petites touches inattendues. Personne ne le voit. Le commun des mortels vous croit inoffensive, alors que moi je vois l’offense, et l’affront fait au monde, jusque dans votre inertie. Je vous aime bien. »

 

1987. Isabelle accompagne ses deux enfants, Romane et Adrien, à la gare. Ils vont rejoindre leur père et sa nouvelle compagne pour le mois d’août. Un mois qu’elle compte bien passer auprès de sa mère à la bichonner, se sentir indispensable, voilà qui rassure Isabelle. L’été passera vite, tout rentrera dans l’ordre, très vite, les enfants reprendront le chemin de l’école et elle reprendra le chemin de collège où, comme chaque année, elle se retrouvera déstabilisée face à ses nouveaux élèves…

Isabelle n’est pas quelqu’un de gai, elle avance dans la vie sur la pointe des pieds, pas trop d’effusions, pas de fantaisie, rien qui déborde du cadre. Et voilà que sa mère lui annonce qu’elle n’a pas besoin d’elle, qu’elle a d’autres projets… Que faire de ce long mois d’août seule ? L’angoisse, la solitude, l’ennui… Non, Isabelle, n’arrivera pas à surmonter ce vide. C’est le son d’un hautbois qui la sortira de sa torpeur. Un homme qui va la trouver « spéciale » et lui faire cette étonnante proposition…: elle l’héberge, pendant un mois, en échange, il lui fera tous les travaux nécessaires dans l’appartement. Elle qui déteste l’imprévu…

2010. Romane revient dans l’appartement où elle a vécu enfant. Un appartement à l’image de sa mère, étriqué, sans vie. Il y aurait tant à dire sur sa mère, rien que d’y penser, Romane est en colère, elle l’artiste pour qui être libre est un devoir. Maintenant qu’elle est décédée, Romane cherche des réponses, qui était vraiment sa mère finalement ? Si les murs pouvaient parler…

 

J’ai retrouvé dans ce roman tout ce qui m’avait plu à la lecture du roman d’Hélène Grémillon, Le confident. Ici aussi, une femme part sur les traces de sa mère. Le contexte historique est évidemment différent mais l’alternance des points de vues et des époques est là aussi très habile. D’un chapitre à l’autre, nous suivons tour à tour Isabelle pendant ce fameux été 87 et Romane, devenue adulte. L’une est presque transparente et fait tout pour le rester, l’autre, à vif, laisse exploser sa rancoeur.

Et puis il y a ce musicien, comme tombé du ciel, qui finalement sera un peu, sans le vouloir, le trait d’union entre ces deux femmes. J’ai beaucoup aimé ce personnage, symbole de la renaissance d’Isabelle à cette vie qu’elle s’était interdite de vivre… Il apparaît comme par magie, la bouscule, la bouleverse, la réveille. Magique… oui…

Et puis il y a cette fin, inattendue, qui prend réellement le lecteur par surprise. Et qui donne envie de relire tout de suite le roman. Une jolie fin qui offre une dimension différente à cette belle histoire, un petit miracle à découvrir d’urgence !

 

Les avis de Sandrine, Clara, Chiffonnette, Brize, Leiloona, InColdBlog, Malice, Esmeraldae, Violette, Choco, Krol, Alex, Mirontaine, Liliba, Mango, Didi, Lucie

 

Premières phrases : « Isabelle, 1987. Que ce quai est long ! Et ce train qui n’en finit pas… Les valises, la petite main de Romane dans la mienne, la course rapide d’Adrien quelques pas devant moi, l’oeil vigilant sur chacun de leurs écarts, la lassitude, l’appréhension de les laisser partir en voyage accompagné, certes ils adorent, certes le soleil tape, certes leur père les attend avec une montagne de douceurs qui amadouent, pour faire passer la pilule belle-mère, nouvelle compagne-à-papa, mais cela ne m’empêche pas de m’inquiéter, inquiétude archaïque, comme un enduit dans mes parois intérieures. »

 

Au hasard des pages : « Ce petit tremblement au coin de ma lèvre, je le reconnais. Fulgurance de l’imprévu. Trop de violence. Trop de secousses. Je ne suis pas un matériau réfractaire. A la moindre hausse de température, je fonds. Je deviens difforme. Toute émotion surgie en moi est monstrueuse. La naissance de Romane, le premier « je t’aime, maman » d’Adrien, la demande en mariage de Pierre, la mort de mon père sur la route, quelqu’un qui frappe à la porte. Je m’enlaidis. Je vibre. Je me tords. » (p. 45)

 

Éditions Julliard (Mars 2011)

248 p.

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Catégories : Littérature française

30 commentaires

Commentaire n°1 posté par emmyne · 20 février 2012 à 17h19

Mazette, je n’ai lu que ton premier paragraphe, je viens juste d’y glisser mon marque-page !

    Noukette · 22 février 2012 à 00h58

    Ton marque-page avance…? 😉

Commentaire n°2 posté par Emma · 20 février 2012 à 17h33

Repéré de nombreuses fois, mais je n’ai toujours pas sauté le pas ; à te lire je passe à côté de quelque chose, le sujet ne m’intéressait pas plus que cela mais je le note tout de même.

    Noukette · 22 février 2012 à 00h59

    Moi c’est surtout la couverture qui ne m’attirait pas, oui, je sais, c’est idiot ! Je ne regrette pas d’avoir tenté l’expérience ! 😉

Commentaire n°3 posté par Sandrine(SD49) · 20 février 2012 à 19h29

Contente que tu aies aimé 😉

    Noukette · 22 février 2012 à 00h59

    Merci pour ce joli livre voyageur ! 😉

Commentaire n°4 posté par Mango · 21 février 2012 à 07h15

Contente aussi.  j’aurais été  un peu déçue que tu ne l’aimes pas.  C’est une vraie réussite, ce roman. 

    Noukette · 22 février 2012 à 00h59

    J’aime ce genre d’histoire de femmes, ça me parle…

Commentaire n°5 posté par L'irrégulière · 21 février 2012 à 11h49

oh, tu me donnes envie !

    Noukette · 22 février 2012 à 01h00

    C’est tout à fait le genre de roman que tu devrais aimer !

Commentaire n°6 posté par Marion · 21 février 2012 à 16h16

Ta chronique me donne envie également! =)

    Noukette · 22 février 2012 à 01h00

    Chouette ! 😉

Commentaire n°7 posté par Géraldine · 21 février 2012 à 18h59

Et bien c’est curieux, ce livre ne m’a jamais tentée, comme si j’étais terrorrisée par sa couverture en quelque sorte. Oui je sais, c’est idiot, mais elle me révulse.

    Noukette · 22 février 2012 à 01h01

    Non, ce n’est pas idiot, comme je le disais en réponse d’un précédent commentaire, c’est aussi ce qui m’a freinée au départ ! Comme quoi ! 😉

Commentaire n°8 posté par isa · 21 février 2012 à 19h37

Ton billet me donne très envie de lire ce roman  ! 
effectivement, ce style d’histoire a un ‘je ne sais quoi’ qui parle à tout le monde et qui fait qu’on aime … 

    Noukette · 22 février 2012 à 01h02

    Voilà, c’est typiquement le genre de roman qui trouve un écho en nous…

Commentaire n°9 posté par jerome · 21 février 2012 à 20h30

J’ai souvent vu cette couverture en librairie mais je n’y ai jamais vraiment prêté attention. Et malgré toutes ses qualités évidentes, pas sûr que ce roman me convienne^^

    Noukette · 22 février 2012 à 01h03

    Pas sûr oui… Quoique j’aurais été curieuse de lire un avis masculin sur cette histoire de femmes…

Commentaire n°10 posté par emmyne · 22 février 2012 à 11h22

Ouiii ( je l’ai dès que possible entre les dents 🙂 ), j’ai corné un nombre pas possible de pages, c’est terrible !

    Noukette · 22 février 2012 à 16h22

    M’en parle pas, moi la grande corneuse de pages ! Comme c’était un livre voyageur, je me suis retenue hein…, mais comme c’était dur !!! 😉 T’as fini là ?

Commentaire n°11 posté par Leiloona · 22 février 2012 à 15h24

Ah ce que j’ai aimé ce roman, lu d’une traite, dans ma voiture (je ne conduisais pas hein !)

    Noukette · 22 février 2012 à 16h24

    Heureusement ! 😉 J’arrive aussi à lire en voiture maintenant, il y a encore quelques années, j’en étais incapable ! Que de temps gagné maintenant !

Commentaire n°12 posté par Valérie · 22 février 2012 à 20h17

Alors, là, bravo! Comme tu le dis, on  a beaucoup vu ce roman sur les blogs et pour une raison que je n’identifie pas, je n’ai jamais eu envie de le lire. Et tu trouves l’argument pour me convaincres, la comparaison avec Le confident. Allez, hop, dans ma LAL! 

    Noukette · 23 février 2012 à 15h14

    Oui, alors que le contexte est totalement différent, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec Le confident… C’est uen belle histoire de femmes, tu devrais aimer !

Commentaire n°13 posté par Didi · 22 février 2012 à 21h44

Je l’ai aimé ce livre voyageur (merci Sandrine) ! Je suis contente de voir qu’il poursuit son chemin et fais des heureuses !

Je lirais un jour le confident alors !

Bonne soirée

    Noukette · 23 février 2012 à 15h21

    Oui, c’est typiquement le genre de roman à faire voyager… Si tu n’as pas lu Le confident, je crois qu’il sort en poche très bientôt, peut-être l’occasion de le découvrir enfin ? 😉

Commentaire n°14 posté par emmyne · 23 février 2012 à 12h39

Punaise, j’ai adoré !

( je viens de te dénoncer pour Le mardi, c’est permis… cette chronique là, qui se précise, c’est tout de ta faute, nous sommes bien d’accord 😉 )

    Noukette · 23 février 2012 à 16h30

    Gniiiiiiiiiiiii ! J’le savais ! mais j’ai lu que t ne ferais pas de billet, vilaine…!

    J’ai vu que tu m’avais dénoncé, j’assume ! Et je trépigne de lire ce fameux billet, je jubile même ! 😉

Commentaire n°15 posté par Violette · 25 février 2012 à 16h26

ahhh enfin! :))) moi aussi j’ai aimé ce livre et adoré le personnage du musicien… tombé du ciel!

    Noukette · 27 février 2012 à 00h08

    Oui, je sais, je traine… Mais ça valait le coup d’attendre un peu non ? 😉

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