Un sac à main… J’ai toujours pensé que son contenu révélait une grande partie de la personnalité de celle qui le possède. Le mien est un vrai fourre-tout, impossible à inventorier, de l’utile, de l’inutile, du rigoureusement indispensable, du futile, de tout quoi ! L’idée de Marie Desplechin peut paraître banale, partir des objets contenus dans un sac à main, leur faire raconter une histoire, des histoires. J’ai beaucoup aimé ce petit roman, lu dans cette belle collection des Carnets littéraires comme pour La photo. Là encore, les dessins d’Eric Lambé collent parfaitement au propos, simples et épurés.
Dans le sac de Dorothée, il y a un bâton de rouge à lèvres dont elle ne se sert presque jamais, un trousseau de clés qu’elle passe son temps à perdre, une pierre ramassée sur la plage, un carnet d’adresses tout neuf et un vieux répertoire qui cohabitent, un agenda qui fait office de fourre-tout, une capote « publicitaire » et un paquet de cigarettes, des Kleenex roses de chez Tati dans leur belle pochette, un peigne en écaille bien trop sophistiqué, une boîte d’allumettes vide contenant un pétale de fleur, des photos, un téléphone portable, un livre, une médaille de Saint-Christophe… Des objets entassés, sans ordre apparent, gardés précieusement ou juste oubliés là. Des objets qui rappellent des souvenirs, des morceaux de vie, des objets qui font ressurgir des images du Liban, des émotions, vécues, rêvées… et cet homme laissé là-bas. Comme dans La photo, les pièces du puzzle s’assemblent doucement, au gré de l’inventaire, les objets dévoilent l’histoire intime et bien plus encore. Un sac peut-il tout dire de son propriétaire, pas si sûr… Dorothée est finalement la seule à pouvoir lier ses objets à un souvenir. Puis arrivent les vingt dernières pages, et Lars, le mari de Dorothée. Son récit fait écho à celui de sa femme : qui est-elle vraiment ? Que cache-t-elle ? Avec respect, curiosité mais aussi beaucoup d’amour et d’émotion, Lars part à la découverte de celle qu’il aime…
Une belle idée, oui, que cet inventaire intime. Petit à petit se dessine le portrait de Dorothée, ses failles, ses petits secrets, ses vides, ses manques. Comme dans La photo, il ne se passe pas grand chose, du moins en apparence. L’essentiel est ailleurs, le lecteur n’a qu’à se laisser porter par les mots, ce qui est plutôt agréable… La toute fin m’a cependant laissée un peu perplexe, cette petite pirouette était-elle vraiment nécessaire ? Une lecture agréable, sûrement une jolie façon de découvrir la plume de Marie Desplechin.
Premières phrases : « C’était un samedi après-midi. Des femmes maquillées portaient à bout de bras des sacs griffés. Elles allaient avec précision, gréées sur leurs jambes aiguës, elles naviguaient entre la foule et les voitures. Elles connaissaient leur direction, elles avaient un cap et un port. Leurs visages habillés semblaient plus heureux que le mien. Je rêvais de leur ressembler. J’ai pensé que je pouvais acheter un bâton de rouge à lèvres. »
Au hasard des pages : « Mes carnets de notes sont vite remplis. Je m’étonne parfois que le compte-rendu de tout ce qui est anodin, quotidien, transmissible, occupe une telle place. L’exceptionnel ne demande pas tant de mots. Il est rare et bref. » (p. 29)
Les avis de Malice, Lily, Bellesahi
Éditions Estuaire (Octobre 2004)
Collection Carnets littéraires
106 p.
Réédition chez Point (Novembre 2006)
Stéphie recense tous les autres billets
pour cette semaine spéciale Marie Desplechin !
importorigin:http://aliasnoukette.over-blog.com/article-le-sac-a-main-marie-desplechin-72159917.html
18 commentaires
Commentaire n°1 posté par lancellau · 21 avril 2011 à 10h06
j’adore cette idée de portrait à partir du contenu du sac à main…je note ce titre…et cette collection dont tu parles depuis 2 jours!
Noukette · 21 avril 2011 à 15h13
Tu risques d’avoir du mal à trouver cette collection ailleurs qu’en bibliothqèue, je crois que l’éditeur n’existe plus ! En tous cas, c’est une petite lecture bien sympathique !
Commentaire n°2 posté par Océane · 21 avril 2011 à 12h18
Cette semaine m’a permis de redécouvrir un auteur que j’avais un peu laissé de côté… Et je t’en remercie 🙂
Noukette · 21 avril 2011 à 15h15
Mais de rien Océane ! 😉 Je ne connaissais que son côté « jeunesse », j’ai aimé cette autre facette de l’auteure !
Commentaire n°3 posté par Fanny · 21 avril 2011 à 15h01
Tiens c’est drôle je viens de finir mon billet…et j’ai eu le même sentiment que toi sur la fin 🙂
Noukette · 21 avril 2011 à 15h24
Oui hein, plutôt curieux je trouve ! Cela dit, j’ai bien aimé l’ensemble, l’idée de départ est belle !
Commentaire n°4 posté par Gwenaelle · 21 avril 2011 à 21h09
Je n’en avais jamais entendu parler mais il m’intéresse, ce livre…
Noukette · 27 avril 2011 à 00h17
Et en plus il se liite très vite !
Commentaire n°5 posté par Stephie · 22 avril 2011 à 09h47
J’ai beaucoup aimé ce petit livre. Mon avis dimanche 😉
Noukette · 27 avril 2011 à 00h18
Très sympa c’est vrai cette idée d’inventaire ! 😉
Commentaire n°6 posté par irrégulière · 23 avril 2011 à 11h56
Un drôle de roman, mais j’avais vraiment beaucoup aimé !
Noukette · 27 avril 2011 à 00h27
C’est curieux, je n’avais pas vu que tu avais fait un billet sur ce livre, et puis j’ai vu ton lien chez Stéphie, je m’en vais lire ça du coup !
Commentaire n°7 posté par lucie · 24 avril 2011 à 09h39
je note !!! en ce moment je lis l’étude sociologique qu’a réalisé kauffmann sur nos sacs à main !
Noukette · 27 avril 2011 à 00h32
Alors ce titre est fait pour toi je crois ! 😉
Commentaire n°8 posté par MyaRosa · 27 avril 2011 à 19h20
Celui-ci est dans ma PAL. Je n’ai encore rien lu de cette auteure.
Noukette · 27 avril 2011 à 23h32
Je découvre ce qu’elle a écrit pour les adultes, je connaissais surtout ce qu’elle a écrit pour la jeunesse ! J’espère que tu aimeras ! 😉
Commentaire n°9 posté par blueverbena · 27 avril 2011 à 19h33
Très mais alors très tentée par le titre, la couverture et ton pitch!
Noukette · 27 avril 2011 à 23h36
Original comme concept, il ne se passe pas grand chose mais c’est bien pensé ! Petit bémol pour la fin tout de même…! 😉