Le narrateur, la cinquantaine, partage sa vie entre sa femme et sa maitresse. Le week-end, il le passe avec sa femme et sa fille à Marseille. Le reste du temps, il le passe avec Alix, à Paris où il travaille. Banal oui et pourtant…
D’un côté, sa femme, qu’il aime, à qui il est marié depuis dix-neuf ans. De l’autre, Alix, jeune, bien plus jeune que lui, avec qui il a une liaison depuis un an. Et là, enfermé dans son bureau, alors qu’il s’apprête à passer les fêtes de fin d’année en famille à New York et donc à s’éloigner d’Alix, il s’interroge. « J’ai une double vie depuis un an. J’ai glissé dans cette situation sans opposer de résistance. (…) Qu’est-ce que j’attends ? Qu’on prenne une décision à ma place ? Un drame ? »
A l’heure du choix, seul avec sa conscience, il revit les débuts de son histoire avec Alix, l’euphorie des premiers instants, les premières fois, les moments de complicité, les crises de doute… et l’amour, oui, l’amour… qui a été, tout de suite, une évidence…
Incroyable comme ce roman m’a embarquée… Les fidélités est un premier roman d’une grande justesse qui aborde un sujet ô combien galvaudé de façon très subtile. Le long monologue de cet homme prend aux tripes et au cœur, interroge, bouscule, dérange. Parce qu’il les aime ces femmes, « ses » femmes… Chacune à sa façon. Le corps chaud d’Alix, sa nuque, son ventre, son odeur, son désir, les sensations à la fois nouvelles et si familières qu’elle fait naître en lui… Sa femme et leurs rituels rassurants, les mots qu’ils n’ont pas besoin de dire, le passé à jamais partagé… Alors, quitter Alix…? Oublier cette histoire et cet amour qui lui sont tombés dessus sans prévenir ?
L’originalité de ce premier roman tient au monologue intérieur, tellement fort, de cet homme arrivé à la croisée des chemins. Rien n’est simple non. Cette « mise au point » est émouvante, vraie, sans chichis. On partage ses pensées, ses émotions, ses doutes, ses angoisses, on ressent toute sa vulnérabilité, sa culpabilité. Et on comprend, oui, ses « fidélités »…
Un bon roman, vraiment. Une plongée en apnée dans les méandres d’une relation adultère où personne, jamais n’est jugé. Mais où personne, finalement, n’est vraiment heureux non plus…
L’avis de Laurie
Premières phrases : « Je ne veux pas vieillir. Je ne veux pas que des taches brunes apparaissent sur mes mains, je ne veux pas avoir la goutte au nez sans m’en rendre compte, je ne veux pas demander à mon interlocuteur de répéter ce qu’il vient de dire en glissant ma main en cornet derrière mon oreille pour faire caisse de résonance. Je ne veux pas oublier le nom d’une ville où j’ai été, je ne veux pas moins bander, je ne veux pas qu’on me cède la place dans le bus même s’il m’arrive de le faire, même si je dis à ma fille de le faire. Je ne veux pas envisager la mort sereinement.
J’ai 54 ans et, depuis un an, je trompe ma femme avec une autre femme, une femme plus jeune que moi, une femme qui a vingt-trois ans de moins que moi. »
Au hasard des pages : « Depuis le début, nous nous voyons sans être obligés de réussir notre histoire puisque je suis marié. Nous avons appris à nous connaître sans enjeux, librement. C’est très fort. Alix se sent vivante et moi aussi je me sens vivant. Quand nous ne sommes pas ensemble, nous sommes dans le manque. Pas une seule fois je ne me suis allongé à côté d’elle sans la désirer. Nous faisons l’amour et la tête me tourne. Parce qu’il est illégitime, notre lien est protégé. Alix a l’exclusivité. Il n’y a ni amis ni famille qui interfèrent. Pas d’enfants. C’est elle et moi. Rien ne s’altère. Je n’accorde pas d’importance aux petits tracas parce que nous manquons de temps. Tout peut s’arrêter brutalement. Cette précarité nous rend attentifs l’un à l’autre. Elle s’inquiète pour moi et je m’inquiète pour elle. Nous savons que nous pouvons nous heurter mutuellement, nous sommes plus tendres. Nous partageons un secret et nous le gardons précieusement. » (p. 160-161)
Éditions Allary (Janvier 2014)
173 p.
Et une nouvelle lecture pour le challenge « rentrée d’hiver »
de Val…!
Et une nouvelle participation au challenge Premier roman
chez Fattorius !
35 commentaires
Mango · 9 mai 2014 à 06h50
Je te fais confiance parce que tu es toujours de bon conseil mais le sujet – si banal au fond- me laisse quelque peu perplexe.
Noukette · 14 mai 2014 à 23h41
C’est vrai qu’à la base le triangle amoureux c’est on ne peut plus banal en littérature… Mais j’ai aimé cette introspection, cette voix masculine…
Emma · 9 mai 2014 à 07h08
Tu en parle bien mais pas plus tentée que cela .
Noukette · 14 mai 2014 à 23h41
Une agréable découverte en ce qui me concerne, c’est un très bon premier roman !
Leiloona · 9 mai 2014 à 07h54
Pfff malgré ton avis élogieux, je vais passer, car les atermoiements d’un mec qui ne sait qui choisir m’énervent … pas envie de me dire qu’ils sont tous pareils, hein.
Noukette · 14 mai 2014 à 23h42
Non, vraiment, c’est plus subtil que ça je t’assure… Je l’ai prêté à Stephie, il peut aller vers toi après si tu veux… histoire de voir si tu accroches ou pas.
Le coin lecture d'heloise · 9 mai 2014 à 08h34
Je ne connais pas l’auteur, ton avis me parait mitigé quand même
Noukette · 14 mai 2014 à 23h43
Non, pas mitigé… J’ai vraiment beaucoup aimé !
Moka · 9 mai 2014 à 09h02
Je suis partagée entre l’envie de le lire et l’envie de zapper ces hommes incapables de faire des choix.
Moka, femme blasée. 😉
Noukette · 14 mai 2014 à 23h44
Il est amoureux le pauvre homme, que veux-tu…? 😉
L'Irrégulière · 9 mai 2014 à 09h57
Un roman que j’avais noté lors du passage de l’auteure dans la Grande Librairie…
Noukette · 14 mai 2014 à 23h44
Le thème pourrait te plaire je pense…
Rébecca@ conseils écriture · 9 mai 2014 à 10h23
Le sujet ne me tente pas plus que ça.
Noukette · 14 mai 2014 à 23h45
Je peux comprendre, mais ici il est traité d’une manière originale et plutôt subtile je trouve…
jerome · 9 mai 2014 à 14h05
ça doit pas être simple pour une femme de se mettre dans la peau d’un cinquantenaire adultère. Si le pari est aussi bien réussi, il y a de quoi être admiratif. Après, le sujet m’intéresse (et me concerne) très moyennement. Non seulement je suis loin de la cinquantaine mais en plus je ne vois pas ce que j’irais faire avec une jeunette 😉
Noukette · 14 mai 2014 à 23h47
Je serais assez curieuse de lire un avis d’homme sur ce roman j’avoue… J’ai trouvé ce roman très juste, pas manichéen, l’auteure ne juge pas et je trouve qu’elle a raison. Pas simple l’amour…!
Valérie · 9 mai 2014 à 17h27
Pas tentée non plus. Je ne connaissais pas du tout cette maison d’édition.
Noukette · 14 mai 2014 à 23h49
Elle est toute jeune, peu de titres à son actif pour l’instant. Mais je suis ravie d’avoir découvert ce roman et cette auteure très prometteuse !
Edelwe · 9 mai 2014 à 20h29
Le sujet me paraît très galvaudé mais je note vu ton billet!
Noukette · 14 mai 2014 à 23h50
L’auteure est assez habile pour ne pas raconter la énième même histoire de tromperie…
laurie lit · 10 mai 2014 à 17h26
Perso je rejoins l’avis de Noukette. Je comprends les doutes par rapport au sujet et dieu sait que de nombreux romans traitent de l’infidélité mais pour moi justement, le fait que ce soit l’homme lui-même qui prend la parole est très fort et sincèrement les mots sont justes. Je l’ai lu d’une traite et pourtant ce sujet est vraiment galvaudé mais Diane Brasseur l’aborde différemment je trouve.
Valérie, c’est une toute nouvelle maison d’édition (janvier 2014) que j’ai découvert aussi à la Grande Librairie.
Noukette · 14 mai 2014 à 23h51
Tu as tout dit ! Et merci pour cette idée lecture que j’ai piochée chez toi ! 😉
gambadou · 10 mai 2014 à 19h36
Le sujet est assez banal, en effet, mais le côté monologue intérieur peut être intéressant. Je note
Noukette · 14 mai 2014 à 23h51
C’est ce qui rend ce roman original et différent en effet…
Géraldine · 10 mai 2014 à 21h01
malgré ton enthousiasme, le sujet ne me tente pas plus que ça ! Je passe !
Noukette · 14 mai 2014 à 23h52
Le sujet peut faire fuir, je peux comprendre ! 😉
Margotte · 11 mai 2014 à 16h34
Voilà qui m’évoque le dernier Delerm (très bien par ailleurs) que j’ai dévoré en deux temps trois mouvements ! Je note ce titre mais je vais attendre un peu pour le lire car la thématique est identique (mais chez Delerm, c’est une femme qui parle, mais c’est elle la trompée aussi…).
Bon dimanche !
Noukette · 14 mai 2014 à 23h53
Du coup, le titre de Delerm m’intéresse… Je vais aller voir ça !
Cess · 12 mai 2014 à 14h15
C’est un sujet qui ne me tente pas du tout.
Je deteste les triangles amoureux, l’adultère en étant un à un niveau encore plus important.
Et ce qui m’énerve par dessus tout dans les triangles amoureux, c’est quand le héros/héroïne hésite ce qui semble être le cas ici.
Je passe mon tour même si ton avis donne envie 🙂
Noukette · 14 mai 2014 à 23h59
Il n’hésite pas tant que ça en fait le pauvre… mais je ne peux pas tout te raconter ! 😉
Sous les galets · 12 mai 2014 à 15h50
oui alors moi je ne suis pas le public cible pour ce genre de romans…je pense néanmoins qu’il est bien parce que ton billet est très beau (et ce n’est pas le seul), j’adore ta phrase « personne n’est jugé mais personne n’est heureux non plus », mais les introspections conjugales et extra-conjugales depuis le Ferney m’ont traumatisée.
Noukette · 15 mai 2014 à 00h05
Traumatisée ? A ce point là…? Je vais éviter ce roman alors !! 😉 Blague à part, celui ci, très court, est une bonne surprise. Presque une lecture à l’aveugle, maison d’édition inconnue, auteure inconnue, premier roman… Agréablement surprise, vraiment…!
Jules se livre · 16 mai 2014 à 02h28
Je l’avais noté et comme c’est le premier avis que je lis et qu’il est positif, je vais voir s’il est dispo!
Noukette · 20 mai 2014 à 23h41
C’est vrai qu’on le voit peu sur les blogs ou ailleurs… C’est dommage, c’est un premier roman qui vaut le détour !
Les fidélités – Diane Brasseur – Mille et une Frasques · 22 août 2014 à 12h43
[…] parce que vous les lisez à un moment M de votre existence. Preuve en est, voilà des mois que ma Noukette me l’a prêté, parce qu’elle sait que je dois le lire. Des mois que ma Laurie pense […]