« I knew a man Bojangles
And he danced for you
In worn out shoes
With silver hair, a ragged shirt
And baggy pants, the old soft shoe
He jumped so high, he jumped so high
Then he lightly touched down
Mr. Bojangles, Mr. Bojangles
Mr. Bojangles, dance ! »
Faire de chaque minute de chaque journée une fête. Faire valser les conventions. Oublier les contraintes du quotidien. Rire de tout, de rien, surtout de rien. Bannir l’ordinaire. Dire non à la banalité. Préférer les gros mensonges à une vérité bien trop triste. Jouer à être grand, ne jamais l’être finalement. Danser, danser encore… et réenchanter le monde…
« Le temps d’un cocktail, d’une danse, une femme folle et chapeautée d’ailes, m’avait rendu fou d’elle en m’invitant à partager sa démence. » La rencontre est belle et inattendue, leur histoire d’amour le sera tout autant. Pour lui, elle jouera jusqu’au bout la partition du bonheur, quitte à s’y brûler les ailes. Pour elle, il se laissera entraîner sans se poser de questions sur la pente de l’amour fou. Élevé au milieu des bulles de champagne et des rires qui pétillent, leur fils grandit dans un appartement fête foraine où le jour et la nuit se confondent. L’école en pointillés vu qu’on y apprend rien, l’enfant accompagne ses parents dans leur vie fantasque, parcourt le monde et passe ses vacances dans un petit château en Espagne acheté pour gagner un pari…
« Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l’avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m’en imprégner, mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit éternelle. Pour elle, le réel n’existait pas. » Le frigo est vide mais il est fortement recommandé de sauter sur les canapés. Une montagne de courrier non ouvert trône dans un coin du hall et le vieux téléviseur porte un bonnet d’âne pour le punir des mauvais programmes qu’il diffuse. Les dalles noires et blanches de l’entrée forment un jeu de dames géantes et on bat des records de course dans le long couloir qui mène aux chambres. Sous l’oeil blasé de Mademoiselle Superfétatoire, la grue de Numidie qui se pavane gracieusement…
« Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel. » Cette phrase pourrait résumer à elle seule cette lecture absolument réjouissante. En attendant Bojangles est un vrai bonbon à faire fondre doucement sous la langue pour en apprécier toutes les saveurs. De la douceur qui met du baume au cœur. Du sucré qui ravit les papilles. De l’amertume qui étire les sourires en grimaces… La plume alerte et poétique d’Olivier Bourdeaut fait merveille, tout aussi à l’aise à hauteur d’enfant que dans la peau de l’amoureux prêt à toutes les folies pour combler les désirs tous aussi fous de sa belle allumée…
Tendre, émouvant, drôle, fou, à la fois mélancolique et plein de pep’s, ce premier roman est une vraie belle surprise. On le referme le cœur gonflé d’amour, profondément attaché à ces personnages et à leur vie hors du commun. Une délicieuse parenthèse que je partage en cette rentrée d’hiver avec mon complice
Jérôme, lui aussi sous le charme…
Premières phrases : « Mon père m’avait dit qu’avant ma naissance, son métier c’était de chasser les mouches avec un harpon. Il m’avait montré le harpon et une mouche écrasée.
– J’ai arrêté car c’était très difficile et très mal payé, m’avait-il affirmé en rangeant son ancien matériel de travail dans un coffret laqué. Maintenant j’ouvre des garages, il faut beaucoup travailler mais c’est bien payé.
A la rentrée des classes, lorsqu’aux premières heures on fait les présentations, j’avais parlé, non sans fierté, de ses métiers mais je m’étais fait gentiment gourmander et copieusement moqué.
– La vérité est mal payée, pour une fois qu’elle était drôle comme un mensonge, avis-je déploré.
En réalité, mon père était un homme de loi. »
Au hasard des pages : « Ils volaient mes parents, ils volaient l’un autour de l’autre, ils volaient les pieds sur terre et la tête en l’air, ils volaient vraiment, ils atterrissaient toujours doucement puis redécollaient comme des tourbillons impatients et recommençaient à voler avec passion dans une folie de mouvements incandescents. Jamais je ne les avais vus danser comme ça, ça ressemblait à une première danse, à une dernière aussi. C’était une prière de mouvements, c’était le début et la fin en même temps. Ils dansaient à en perdre le souffle, tandis que moi je retenais le mien pour ne rien rater, ne rien oublier et me souvenir de tous ces gestes fous. Ils avaient mis toute leur vie dans cette danse, et ça, la foule l’avait très bien compris, alors les gens applaudissaient comme jamais, parce que pour des étrangers ils dansaient aussi bien qu’eux. C’est sous un tonnerre d’applaudissements qu’ils saluèrent la foule, les applaudissements résonnaient dans toute la vallée rien que pour mes parents, et moi j’avais recommencé à respirer, j’étais heureux pour eux, et épuisé comme eux. » (p. 141)
Éditions Finitude (Janvier 2016)
160 p.
Prix : 15,50 €
ISBN : 978-2-36339-063-9
51 commentaires
Mokamilla · 11 janvier 2016 à 00h27
Comment te dire…
JE VEUX LE LIRE !
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h18
Mais OUIIIIIII ! C’est tellement évident. Ce roman est fait pour toi…!
Mo · 11 janvier 2016 à 07h13
Quelle vie dans ce roman !! J’ai très envie de le découvrir, ce que tu en dis me plaît énormément
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h19
Je me suis régalée. C’est un roman qui fait du bien. Et on s’y sent bien… Une vraie découverte…!
Sandrine · 11 janvier 2016 à 07h17
Très tentant, on dirait une bonne dose d’optimisme…
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h19
Une bonne dose d’optimisme… et une bonne dose de talent ! Auteur à suivre !
Laure · 11 janvier 2016 à 08h53
Je ne risque pas de passer à côté de ce roman !
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h20
Non, pas possible !! Je sens la vague arriver, que dis-je, la déferlante…! Comment ne pas tomber sous le charme de ce premier roman…?
Nicole G · 11 janvier 2016 à 09h31
Déjà sur le dessus de la pile !
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h21
Hâte de lire ton avis…!
keisha · 11 janvier 2016 à 09h39
Déjà lu, billet prêt pour la semaine prochaine (j’en ai d’autres qui attendent aussi!)
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h25
Avoue, tu t’es régalée non ? 😉
Gwenaëlle · 11 janvier 2016 à 10h10
Dans notre monde de plus en plus normé et rationnel, ce jaillissement fou est un vrai bonheur! On devrait en prendre de la graine, non? 😉
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h26
Oh que oui ! J’en veux encore des romans de cette trempe ! Une originalité et un ton qui font un bien fou !
Eva · 11 janvier 2016 à 11h03
la couverture m’avait attiré l’oeil, mais maintenant c’est pour le contenu que j’ai envie de le lire 🙂
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h27
Rien à jeter dans ce roman fou fou fou ! 😉
Vero · 11 janvier 2016 à 11h57
Voilà qui est fort tentant !
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h27
Follement tentant tu veux dire !!
Leiloona · 11 janvier 2016 à 17h45
Quel merveilleux roman oui. ♥ ♥ ♥
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h29
Absolument délicieux…! La plus jolie des parenthèses ! ♥
Delphine-Olympe · 11 janvier 2016 à 20h32
Je sais bien qu’il ne faut pas s’arrêter à ça, mais je n’aime pas du tout la couverture (en revanche, j’adore l’autofiction : certains textes sont passionnants 😉
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h30
Je crois que tu destinais ce commentaire au blog de Jérôme… 😉 (par contre moi je hais l’autofiction ! 😉 )
Delphine-Olympe · 11 janvier 2016 à 20h36
Malgré votre enthousiasme à tous les deux, je ne pense pas que ce livre soit pour moi (et en plus, comme je l’ai dit chez Jérôme, je n’aime pas du tout la couv…)
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h31
Mais pourquoi…? Je la trouve au contraire délicieusement rétro…, j’aime beaucoup ! Mais ne passe pas à côté de ce roman, c’est un petit bijou !
A_girl_from_earth · 11 janvier 2016 à 22h08
J’adore la couv’, le titre, mais la thématique ne me parle pas trop. A voir au détour d’une bib’, 160 pages, c’est toujours casable en plus.:-)
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h31
Complètement ! Et il fait un bien fou, pourquoi s’en priver ? 😉
jerome · 11 janvier 2016 à 23h31
Une vraie belle surprise, oui, idéale pour commencer l’année en lecture à tes cotés 😉
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h32
Je suis plus que ravie d’avoir lu ce roman en ta compagnie, un petit moment hors du temps comme je les aime !
franfran · 12 janvier 2016 à 08h27
JE LE VEUX ! Commandé ce jour, nan mais 😉 vous m’avez donné une envie folle de le découvrir !
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h32
Quelle réactivité ! J’adore ! 😉
Alex-Mot-à-Mots · 13 janvier 2016 à 10h05
Tu as l’air d’avoir passé un vrai bon moment de lecture.
Noukette · 13 janvier 2016 à 18h33
Je me suis vraiment régalée…!
sylire · 14 janvier 2016 à 22h07
Ce livre fait décidément l’unanimité ! J’espère le lire d’ici peu.
Noukette · 27 janvier 2016 à 23h49
Il sort vraiment de l’ordinaire, ça fait un bien fou !
luocine · 15 janvier 2016 à 23h25
j’adore la citation je vais essayer de trouver ce roman, je suis un peu en retard mais voilà quand je suis loin de mon ordi c’est plus dur de laisser des commentaires
Noukette · 27 janvier 2016 à 23h49
Tu n’es pas en retard, moi je fais parfois des mois à répondre à mes commentaires, honte à moi ! 😉
Mais ce roman là… oui, il faut le lire, c’est un bonbon !
laurielit · 16 janvier 2016 à 14h21
ah la la j’accumule un retard dément sur toutes les pépites que tu chroniques!! c’est vrai que la couv est bien rétro et j’aime l’état d’esprit. Noté ! (déjà la semaine dernière j’ai commandé « pas dans le cul » ;-))
Noukette · 27 janvier 2016 à 23h54
Hâte d’avoir ton avis, le premier mardi approche à grands pas ! 😉
Et Bojangles…. soupirs…. à lire oui !! ♥
George · 18 janvier 2016 à 18h33
Je suis en train de le finir (il me reste vingt pages que je n’ai pas eu le temps de finir ce matin 🙁 !) J’aime assez mais pas non le coup de cœur ! Une lecture très agréable cependant et j’aime l’alternance des points de vue entre le petit garçon et le père !
Noukette · 27 janvier 2016 à 23h56
Pour un premier roman je trouve que c’est une belle réussite ! Ça ne court pas les rues les romans drôles, fins, émouvants… tout ça à la fois. Un auteur à suivre !
George · 19 janvier 2016 à 18h00
Ces fameuses vingt dernières pages ont totalement effacé mes petits bémols 😉 ! Très beau roman, je suis entièrement d’accord avec toi !
Noukette · 27 janvier 2016 à 23h57
Je n’en attendais pas moins de toi ! 😉
Anaïs · 10 avril 2016 à 10h44
J’aime beaucoup ta façon de parler de l’oeuvre. ça me replonge dans le roman en lisant, c’est très agréable ahah ! Ce livre m’a beaucoup plu à moi aussi, c’est un vrai bijou de joie de vivre ! Ce qui est drôle, c’est que je retrouve certaines citations que j’ai mis dans ma critique dans ton article, cela prouve bien qu’on est touchés par les mêmes phrases ! ^^
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