La Maison est une petite ville de Province comme il en existe un tas d’autres. Une petite ville avec ses habitants qui se connaissent tous plus ou moins de vue. Une petite ville où une étrange maladie fait rage. Les habitants ont en effet la curieuse habitude de jeter tout ce qui leur est cher dans le canal Saint-Divan qui la traverse… Clés, vélos, animaux… et même personnes proches. Aucune explication à cela, la rue Canard-Bouée semble atteinte d’une malédiction plus qu’étrange… Mais à part ça, on s’ennuie ferme à la Maison…
Jusqu’au jour où le ciel entier est obscurci par le passage d’un immense zeppelin. Au sol, rien ne va plus. Les réactions des habitants sont toutes plus inattendues les unes que les autres… et vont révéler une douzaine de personnages qui vont devoir gérer l’évènement en tenant compte de leurs névroses…
Récapitulons. Une ville imaginaire et fantaisiste tout droit sortie d’un rêve étrange. Des habitants aux mœurs diablement barrées. Une folie furieuse qui s’empare de ces mêmes habitants lors du survol de la ville par un zeppelin… (ce mélange entre un gros avion et un dirigeable, vous visualisez ?)
Règle numéro un donc avant d’ouvrir ce roman : le monde de Fanny Chiarello est un joyeux bordel où il est fortement conseillé de naviguer à vue. A partir de là, se laisser porter…
« Elle ne veut pas d’héroïsme dans ses pages, elle y veut de l’irrésolu.
Le spectaculaire n’y est traité qu’à la légère. »
Au début j’ai bien cru que ça n’allait pas coller entre Fanny Chiarello et moi… C’est que j’y tiens moi, à ma petite zone de confort mine de rien. Alors quand on débarque avec un bulldozer pour ratisser toutes mes certitudes, quand on piétine allégrement mes habitudes, quand on tord dans tous les sens les codes du roman, j’avoue que j’ai un peu de mal. D’abord je tique un peu. Je hausse un sourcil, puis deux… Je m’agace, je lis en diagonale quelques passages, je saute quelques pages plus loin pour voir si l’auteure est toujours sous acide… pour constater qu’on est bel et bien dans un roman complètement fou.
Pourtant j’ai décidé de faire confiance à Fanny Chiarello, pas tous les jours qu’on tombe sur un véritable OLNI (Objet Littéraire Non Identifié, étiquette non usurpée je vous le garantie !). Je suis passée par tout un tas de phases mais curieusement je n’ai jamais été tentée de reposer ce fameux Zeppelin. Parce que ce roman là est atypique et exigeant. Parce qu’il ne ressemble à aucun autre. Parce que l’auteure l’a écrit et réécrit pendant des années pour qu’il colle réellement à ce qu’elle avait en tête. Parce qu’on se balade entre folie et absurde et qu’on arrive presque à trouver ça normal, même si on frise la cacophonie dans ce roman choral où l’auteure a toute sa place. Une auteure qui annonce d’ailleurs dans le tout premier chapitre de ce drôle de roman s’être jetée par la fenêtre après l’avoir écrit…
Une voix singulière qui en déroutera plus d’un, une chose est sûre, je ne regrette pas l’expérience !
« La ville, imaginaire, s’appelle La Maison, et l’on ne peut estimer sa situation géographique sans se lancer dans une série de calculs basés sur d’infimes indices épars au fil des chapitres. Elle encourage d’autant moins le lecteur à engager cette démarche qu’elle octroie à la ville plusieurs particularités n’appartenant pas à la logique du réel et indiquant son mépris de toute véracité. Les narrateurs sont douze (treize si on la compte, elle, auteur encombrant et indiscret) mais leurs voix ne se mêlent pas en un ensemble harmonieux, elles forment une rumeur confuse, de sorte que le texte évoque un trouble de la personnalité multiple plus qu’un roman polyphonique. »
Éditions de l’Olivier (Août 2016)
224 p.
Prix : 18,00 €
ISBN : 978-2-8236-0997-4
16/18
Challenge 1% rentrée littéraire catégorie « Touche à tout »
chez Hérisson et Léa Touch Book
16 commentaires
keisha · 29 septembre 2016 à 08h37
Ho ho les OLNI, j’aime plutôt ça! Merci!
framboise · 29 septembre 2016 à 09h39
Alors ça, alors ce billet, alors cette histoire, alors cette folie, alors ce Zepellin …. alors koi en penser ? C’est bien beau, bien tentant, bien dingue, toutafé ma tasse de thé à moa je crois bien 😉 je note je note
merci pour la découverte demoiselle <3
Eva · 29 septembre 2016 à 10h45
j’avais lu « Une faiblesse de Carlotta Delmont » et je n’avais pas été convaincue… et l’absurde n’est pas vraiment ma tasse de thé, donc je crains de devoir passer mon tour (malgré un billet fort bien écrit ^^)
Nadège · 29 septembre 2016 à 13h04
Tiens…intriguée je suis.
Jerome · 29 septembre 2016 à 13h24
Peut-être trop singulier et perché pour moi. Tu sais à quel point je suis terre à terre 🙂
Alex-Mot-à-Mots · 29 septembre 2016 à 15h02
Pas toujours facile de sortir de sa zone de confort, en effet.
celina · 29 septembre 2016 à 16h06
Une expérience de lecture que je vais tenter, grâce à ton billet. J’aime bien quand c’est le bazar 🙂
Pr. Platypus · 29 septembre 2016 à 16h47
Pas convaincu par Tombeau de Pamela Sauvage plus tôt dans l’année, j’ai embarqué dans ce Zeppelin quand même… Et comme toi, même si je me suis parfois demandé ce que j’étais allé faire dans cette grande foire, j’en suis ressorti plutôt satisfait. C’est drôle, fou, et parfois même plus profond que ça en a l’air… Belle découverte, oui !
Nathalie · 29 septembre 2016 à 19h27
J’avais cru que le titre de ton article était LED Zeppelin. Mais en lisant, ma curiosité a été piqué et j’ajoute ce livre à ma liste de trucs à lire.
Valérie · 29 septembre 2016 à 20h11
J’ai lu un roman d’elle qui était aussi étrange et qui ne m’avait pas plu.
eimelle · 29 septembre 2016 à 20h27
j’ai bien aimé ce que j’ai lu d’elle jusqu’à présent, je tenterai celui là dans un moment!
gambadou · 29 septembre 2016 à 21h25
Étrange ton post…. à découvrir alors !
A_girl_from_earth · 30 septembre 2016 à 00h31
Comme Keisha ! Et puis absurde, fou, fantaisiste, singulier, c’est tout pour moi ! Noté.
Laure · 30 septembre 2016 à 18h48
Ca n’avait pas collé avec ma seule lecture de l’auteure, et comme je vois que ça risque de recommencer, je vais passer mon tour.
Léa Touch Book · 1 octobre 2016 à 11h12
Ce livre m’intrigue beaucoup suite à la lecture de ta chronique 🙂
Antigone · 2 octobre 2016 à 18h27
Sincèrement, je ne tente plus vraiment ce genre d’expériences… Ce livre n’est visiblement pas pour moi. Merci à toi de l’avoir testé !! 😉