Je suis autiste Asperger. Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence. Je préfère réaliser des activités seul plutôt qu’avec d’autres personnes. J’aime faire les choses de la même manière. Je prépare toujours les croque-monsieur avec le même Leerdammer. Je suis fréquemment si absorbé par une chose que je perds tout le reste de vue. Mon attention est souvent attirée par des bruits discrets que les autres ne perçoivent pas. Je suis attentif aux numéros de plaques d’immatriculation ou à tous types d’informations de ce genre. On m’a souvent fait remarquer que ce que je disais était impoli, même quand je pense que c’était poli. Quand je lis une histoire, j’ai du mal à imaginer à quoi les personnages pourraient ressembler. Je suis fasciné par les dates. Au sein d’un groupe, il m’est difficile de suivre les conversations de plusieurs personnes à la fois. Quand je parle, il n’est pas toujours facile de placer un mot. Je n’aime pas particulièrement lire des romans. Je trouve qu’il est compliqué de se faire de nouveaux amis. Je repère sans cesse les mêmes schémas dans les choses qui m’entourent. Je préfère aller au musée qu’au théâtre. Cela me dérange quand mes habitudes quotidiennes sont perturbées.
C’est un roman formidable et qu’il fait bon lire. Vraiment. Un livre drôle, décalé. Singulier. Bien plus profond qu’il n’y parait. Une histoire qui est celle d’Olivier et de sa participation au jeu TV Questions pour un champion. Une participation qui a modifié sa vie, c’est dire si elle a été importante… Olivier n’a pas encore trente ans. Il est autiste Asperger. Il est super champion chez Julien Lepers. Il a un peu la pression à la veille de l’émission, « celle du dimanche où s’affrontent les vainqueurs ». C’est toutafé prestigieux, pour qui connait. Voire toutafé ambitieux… Dans ce roman, tout le dimanche est déroulé, avec du suspense et un peu de tension : Olivier va-t-il devenir le champion de tous les champions ?!
On reste concentré. On reste concentré. On reste concentré. On reste concentré.
On reste concentré. On reste concentré. On reste concentré.
Olivier ne lâche rien. Se résigner ? Abandonner ? Très peu pour lui. Et moi, ça m’a rappelé les fins de journées sur canapé avec mes grands parents, moi qui n’arrivais jamais, oh grand jamais, à répondre aux questions posées !
Et, dans ce délice de livre, il y a de la culture G donc, mais pas que. Ça cause aussi de l’enfance épouvantable, de la solitude des êtres, de la poésie qui sauve, des passions qui emportent, d’une étrangeté de cerveau et de Julien Lepers pardi (Bon sang que j’ai rigolé !) Mais c’est avant tout l’histoire d’un talent incroyable et d’un jeune homme singulier. Une histoire vraie, celle de l’auteur. Une histoire de rien et qui permet de dévoiler un peu, sans filtre et sans pathos, la différence et le monde….
Ce roman est tout ébouriffant et à découvrir évidemment !
Quand on ne peut pas parler, on construit des forteresses. Ma forteresse à moi est faite de solitude et de colère. Ma forteresse à moi est faite de poésie et de silence. Ma forteresse à moi est faite d’un long hurlement. Ma forteresse à moi est imprenable. Et j’en suis le prisonnier. C’est ça que j’aurais voulu dire à Julien Lepers : Vous ne savez pas ce que c’est. Je suis enfermé derrière un mur de politesse. Attaché et bâillonné. Dans un monde sombre et silencieux, où seule pousse la colère.
Quand j’étais enfant, je voulais être pharmacien-poète : pharmacien pour bien gagner ma vie et poète parce que c’était ce que je préfèrerais faire ; à l’adolescence j’ai voulu devenir Dieu. Je me suis radicalisé en poésie ; j’avais mon décalogue. Plus tard je voulais baiser toutes les filles, écrire tous les livres, apprendre toutes les sciences. Vivre toutes les sensations. Tout connaître. Voyager dans tous les pays.
Merci les 68 (et pour retrouver toutes les chroniques, c’est sur le blog
Éditions Alma (Septembre 2018)
195 p.
Prix : 18,00 €
ISBN : 978-2-36279-287-8
By Hérisson
11 commentaires
Karine · 10 janvier 2019 à 01h33
J’ai lu tellement de romans et de bios avec des personnages présentant un TSA (surtout Asperger) ces derniers temps que je pense que je suis moins attirée et que je me lasse. Pourtant, ça ne devrait pas hein, connaissant certains de mes amis. Du coup, j’hésite.
L'Irrégulière · 10 janvier 2019 à 07h36
Oui, c’est un très très joli roman !
Jerome · 10 janvier 2019 à 13h08
Rhaaaaa, tu le vends bien, coquine de Framboise <3
Alex-Mot-à-Mots · 10 janvier 2019 à 13h11
Depuis qu’il a reçu le Prix des bloggueurs, il me tente.
Saxaoul · 10 janvier 2019 à 14h31
J’ai entendu tellement de bien de ce roman que j’en attendais beaucoup et j’ai été déçue. Je trouve que certains sujets sont tout juste effleurés. Après, il reste quand même intéressant !
gambadou · 10 janvier 2019 à 21h37
Ayant un neveu autiste asperger, ce livre me tente beaucoup.
Virginie · 11 janvier 2019 à 20h05
Il ne m’a tentée qu’à demi…On l’a trop vu sur le net (et sur IG).
Et puis, l’auteur s’est abonné, désabonné, ré-abonné (ad lib) de mon compte IG (ce qui a fini par être grotesque !)..
et si en plus il a obtenu le petit prix des blogueurs (totale mauvaise foi, encore que…pour moi c’est une reconnaissance bidon par ce prix qui surfe sur la popularité de Super-Agathe-the-book), je n’ai aucun regret d’avoir zappé !
Désolée ! mais j’ai infiniment de sympathie pour les différences, mais ce roman m’a un peu « déçue » sans l’avoir lu : trop de battage autour d’Asperger….
Nathalie · 13 janvier 2019 à 13h56
Pourquoi pas ? J’ai vu passer une ou deux critiques pas terribles, mais ton billet donne envie quand même !! 😉
Violette · 16 janvier 2019 à 11h09
Je confirme : tu le vends bien alors que je n’avais pas l’intention de le lire!
Emma · 16 janvier 2019 à 14h50
Je ne sais pas encore si je vais le lire, beaucoup d’avis différents mais cet article est très tentant.
Géraldine · 3 février 2019 à 12h48
Je note évidemment. Un sujet qui fascine et intrigue toujours… Dont il semble qu’on n’ait jamais fait le tour !