Impossible de ne pas refermer ce roman le sourire aux lèvres. Impossible non plus de ne pas avoir envie de continuer la route avec cette famille atypique et attachante au possible. Et cette idée, là, qu’un jour quelqu’un pourrait avoir la brillante idée de s’emparer de cette histoire pour en faire un film. Ce genre de film qu’on aime regarder enroulée dans un plaid et qu’on est prêt à se repasser des dizaines de fois quitte à en connaître chaque réplique par cœur. Et vous savez quoi ? A lire c’est un délice…!

Les romans sur l’adolescence sont légion mais il ne sont pas nombreux à trouver le ton juste. Et ici le ton est parfait. Humain, cynique, parfois mordant mais terriblement humain. L’idéal pour nous faire passer du rire aux larmes en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Un effet doux-amer particulièrement réussi qui repose sur une galerie de personnages absolument géniale dominée par Isidore, onze ans, collégien désespérément normal né dans une famille de surdoués. Simone, Bérénice, Aurore, Jérémie et Léonard, trois ans d’avance minimum au compteur, tous en pleine écriture d’une thèse sur des sujets aussi complexes qu’obscurs pour le commun des mortels.  Et quand ils s’ennuient, ils remettent ça…

Et Isidore d’observer ce petit monde, benjamin trop normal qui recueille les pensées de sa sœur Simone qui a trouvé en lui le sbire idéal pour un jour écrire ses mémoires. Jubilatoire ! Le reste du temps, Isidore le passe à essayer d’oublier la tache sur le canapé et à tenter de convaincre sa meilleure amie Denise de ne pas se suicider. Du moins, il l’écoute, elle et ses envies morbides qui font fuir tout le monde sauf lui. Et c’est peut-être ce qu’il fait de mieux Isidore. Écouter. Être simplement là. Pour les autres, toujours, ceux-là même qui finalement passent leur temps à graviter autour de leur propre nombril en pensant que les choses qui fonctionnent sont immuables. Mais rien n’est immuable. Et le petit cocon dans lequel on se plait à s’enfermer peut parfois se fendiller…

J’aimais ma famille, je crois. Je n’en connaissais pas d’autre, c’est vrai, et du coup, je ne pouvais pas trop comparer, mais il me semblait que c’était des gens bien, corrects. Même s’ils étaient souvent perdus dans leurs pensées. Chacun dans sa bulle. Ils ne prêtaient pas vraiment attention aux autres, à personne en dehors de la famille, même pas à moi, parfois.

Un coup de cœur, vous l’aviez deviné non ? Isidore, boussole qui s’ignore dans une famille complètement asociale qui génère ses propres codes et est incapable d’empathie. Et c’est dans cette famille atypique qu’Isidore doit grandir et trouver des repères. Autant dire que la tâche est ardue. Un peu bancal, les pieds pourtant bien ancrés dans le sol, Isidore trace sa route à coup de grandes décisions et de petites prises de risque, en s’affranchissant petit à petit de son costume de petit homme qui finit par être trop étroit.

Voilà. C’est émouvant et brillant. Et c’est encore plus fascinant quand on sait que l’auteure, française vivant à Chicago, l’a initialement écrit en anglais (« How to behave in a crowd »). Le portrait qu’elle brosse de ce passage de l’enfance à l’âge adulte est d’une tendresse à faire fondre les lecteurs les plus exigeants. Et mention spéciale à Rose et la vieille Daphné, personnages secondaires qui ne le sont pas tant que ça. Et à cette couverture aussi… ♥

 

L’avis de Luocine

 

Éditions Inculte (Août 2018)

413 p.

 

Prix : 19,90 €

ISBN : 979-10-95086-82-6


11 commentaires

Nathalie · 8 mars 2019 à 08h42

Je note ! Tu le ferais lire à partir de quel âge ? 12 ans ou plutôt 14/15 ans ?

    Noukette · 9 mars 2019 à 14h20

    Ce n’est pas à proprement parler de la littérature jeunesse, même si le narrateur est un ado. Ça peut passer pour les bons lecteurs mais pas avant 14/15 ans oui je pense…!

Amandine · 8 mars 2019 à 10h27

Il a l’air superbe! Merci pour la découverte.

    Noukette · 9 mars 2019 à 14h20

    J’ai un vrai petit coup de coeur pour ce roman, j’espère qu’il te plaira !

luocine · 8 mars 2019 à 11h09

J’ai trouvé ce roman très intéressant mais pas ancré dans le réel, c’est comme un exercice de style tout y est sauf, pour moi , l’envie de croire aux personnages, aux lieux et du coup à l’histoire. Mais j’ai bien aimé quand même.

    Noukette · 9 mars 2019 à 14h21

    Heureusement que les ressentis sont variés selon les lecteurs, j’ai ressenti tout l’inverse ! 🙂

Jerome · 8 mars 2019 à 12h49

Incroyable, un roman pour adultes ici, il va neiger ! Toi comme tu es là tu as besoin d’alimenter ton nouveau compte instagram :p

    Noukette · 9 mars 2019 à 14h22

    Un roman pour adultes… mais avec un narrateur ado, on ne se refait pas il faut croire 🙂
    Je t’attends sur Insta ? :-p

Violette · 9 mars 2019 à 14h17

Tu me convaincs ! J’ai la même question que Nathalie : à partir de quel âge? Je le lirai bien avant de le prêter à mon fils…

    Noukette · 9 mars 2019 à 14h23

    Ce n’est pas de la littérature jeunesse malgré les apparences, un bon lecteur « grand » ado pourrait y trouver son compte je crois mais ça reste assez dense comme lecture. Personnellement, je ne vois pas mes collégiens le lire sauf les très bons lecteurs. 1( ans ça me parrait être un bon compromis, peut-être avant 😉

Christelle · 9 mars 2019 à 21h28

Je l’ai repéré à la bibliothèque où je travaille, et ton billet m’a convaincue de le chiper bientôt !

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