J’ai acheté ce petit roman un peu par hasard et en grande partie parce que je ne connais pas encore vraiment cette auteure, mis à part ses livres pour la jeunesse dont le très drôle Je ne t’aime pas Paulus. Je me suis dit que ce livre tombait à pic pour me faire une idée, d’autant plus qu’il est annoncé comme « un bijou d’intelligence » (l’Express), « une histoire magnifique » (les Échos), ou encore comme un livre « bouleversant » (le Figaro Littéraire) par l’étiquette barrant sa couverture… Une chose est sûre, la prochaine fois je me méfierai de ce genre d’achat impulsif…
Le remplaçant n’est pas à proprement parler un roman, du moins il ne colle pas avec la définition que je m’en fais. Dans ce livre, Agnès Desarthe s’attache à raconter la vie de son grand-père de « remplacement », l’homme qu’a épousé sa grand-mère après le décès de son « vrai » grand-père mort à Auschwitz en 1942. Ce grand-père de remplacement, elle le surnomme triple B, c’est bien plus simple que de l’appeler par ses trois prénoms, Bouz, Boris, Baruch. S’ils ne sont pas liés par le sang, l’auteure garde un souvenir ému de ses moments passés avec celui qui a aujourd’hui 96 ans. Enfant, elle s’interroge : d’où vient donc ce grand-père, est-il russe, roumain, et qu’elle est donc cette langue qu’il parle en roulant les R ? Triple B est un homme simple et bon qui aime raconter des histoires, des histoires auxquelles son entourage prête une oreille distraite, qu’importe, Triple B a les yeux qui pétillent et le sourire ravi quand il raconte anecdotes et souvenirs. L’auteure essaye de reconstituer la vie de celui qui reste encore à ce jour une énigme, entre ce qu’elle sait, ce qu’elle croit savoir, ce qu’elle devine, ce qu’elle invente peut-être… Son enquête relie la petite histoire à la grande, celle de la Seconde Guerre Mondiale. La figure de son grand-père remplaçant croise celle de son grand-père génétique mort dans les camps de la mort, mais aussi celle de Janusz Korczak, pédiatre et pédagogue polonais, directeur d’un orphelinat qui choisira d’être déporté pour ne pas abandonner les enfants juifs dont il s’occupe…
Je dois avouer que cette lecture m’a complètement désarçonnée, non pas qu’elle soit désagréable mais le charme n’a pas opéré… Je crois que j’ai beaucoup du mal avec les récits très personnels comme celui ci, je n’arrive pas à me sentir concernée, je reste en dehors de l’histoire malgré tous les efforts pour m’y intéresser. Évidemment, le récit d’Agnès Desarthe est empreint de toute la tendresse et de tout l’amour qu’elle porte à ce grand-père un peu particulier, cependant, il ne m’a pas touchée. Je reste perplexe devant la forme du récit qui alterne entre souvenirs et interrogations de l’auteure, qui nous entraîne de la petite histoire à la grande en faisant parfois le grand écart… Néanmoins, Agnès Desarthe rend hommage à son grand-père de façon toute personnelle et lui offre là un beau cadeau. Quant à moi, si je suis passée à côté de ce roman, je tenterai à nouveau de lire sa plume, en tâchant cette fois de tomber juste…
Les premières phrases : « Dans certaines cultures, ce qui distingue l’aristocratie du commun, c’est l’art de porter l’habit, dans d’autres celui de guérir par imposition des mains, de reconnaître un grand cru ou de lire l’avenir dans les feuilles de thé. Chez nous, ce qui permet de sortir du lot, c’est la façon de raconter les histoires ; plus précisément, les histoires drôles. »
Au hasard des pages : « Ce livre, celui que je suis en train d’écrire, était censé être un portrait du pédagogue polonais, mais dès les premières pages, le lapsus a oeuvré. J’ai su très rapidement qui allait prendre la place de Korczak dans ce récit, se superposer au personnage d’origine, profiter d’une vague ressemblance et de coïncidences historiques pour s’immiscer dans le projet, le faire dévier, le détourner irrémédiablement. Les deux figures ont toujours été mêlées. Dans la salle du musée, c’était déjà à l’autre que je songeais. Triple B est apparu, et je n’ai pu faire autrement que raconter son histoire à lui, lui sur qui je ne possède aucune documentation, lui dont j’ai si peu d’images, lui que personne ne connaît et dont tout le monde se fiche. Je voulais écrire sur un homme exemplaire, et voilà que je m’attache à un exemplaire d’homme. » (p. 57)
Malice, Moka, Sylire, Yv, Gambadou et Clarabel ont aimé… Stéphie, La pyrénéenne et Cathulu beaucoup moins…
Éditions Points (Août 2010)
75 p.
importorigin:http://aliasnoukette.over-blog.com/article-le-rempla-ant-agnes-desarthe-66925890.html
18 commentaires
Commentaire n°1 posté par clara · 13 février 2011 à 17h58
J’ai eu une mauvaise expérience avec cette auteure et je n’ai pas envie d’en retenter une autre !
Noukette · 14 février 2011 à 22h01
En tous cas, si jamais tu te décides à retenter l’expérience, évite celui là ! 😉
Commentaire n°2 posté par Manu · 13 février 2011 à 18h35
Je n’aime pas non plus les récits personnels ou les autobiographies. Je leur préfère de loin la fiction.
Noukette · 14 février 2011 à 22h14
Alors passe ton chemin sans regrets, ce livre n’est pas pour toi ! 😉
Commentaire n°3 posté par Violette · 13 février 2011 à 21h50
je l’ai vu au supermarché (oui!) il y a deux jours. Tu ne donnes pas très envie de le lire… (ce n’est pas un scoop je sais…)
Noukette · 14 février 2011 à 22h25
Je t’avoue que je m’en doute un peu ! Cela dit, tu peux te dispenser de cette lecture, il doit y avoir des titres plus appropriés pour découvrir cette auteure !
Commentaire n°4 posté par Valérie · 14 février 2011 à 12h06
Tu fais bien de nous prévenir car je n’aime pas non plus les romans trop autobiographiques.
Noukette · 14 février 2011 à 22h34
Alors fuis, tu risques de ne pas aimer…. Moi je me suis ennuyée…
Commentaire n°5 posté par Irrégulière · 14 février 2011 à 13h54
Je ne crois pas que ça me plaise…
Noukette · 14 février 2011 à 22h35
Ce n’est pas moi qui vais te contredire…. Il y a plus palpitant comme lecture ! 😉
Commentaire n°6 posté par blueverbena · 15 février 2011 à 08h34
Pas mon style de lectures et au vu de ton billet: pas de regrets!
Noukette · 15 février 2011 à 13h50
Effectivement, c’est une lecture dont tu peux te dispenser ! 😉
Commentaire n°7 posté par Yv · 15 février 2011 à 10h43
J’ai eu un peu le même sentiment que toi, le livre part un peu dans tous les sens, mais finalement c’est aussi ce qui fait son charme.
Noukette · 15 février 2011 à 13h53
Malheureusement, le charme n’a pas opéré pour moi, dommage !
Commentaire n°8 posté par lasardine · 16 février 2011 à 18h26
je n’ai lu qu’un seul de ses titres, en jeunesse (« La plus belle fille du monde »), et je suis curieuse de lire autre chose… mais du coup pas celui là ^^
Noukette · 16 février 2011 à 22h02
Non, pas celui là ! J’ai le jeunesse dont tu parles que je compte lire aussi, tu avais aimé, je ne m’en rappelle plus ?! 😉
Commentaire n°9 posté par lasardine · 20 février 2011 à 22h27
oui, ça m’avait plu 🙂
mon avis est là si tu veux: http://la-ronde-des-post-it.vefblog.net/355.html#La_plus_belle_fille_du_monde__Agnes_Desarthe
Noukette · 21 février 2011 à 00h25
Merci, j’irai lire ça ! Et je le lirai c’est sûr, histoire de voir la différence quand elle écrit pour les plus jeunes ! 😉