C’est un peu par hasard que je me suis lancée dans cette lecture. En lisant la quatrième de couverture, l’approche de l’auteure m’a semblé intéressante. Finalement loin du roman annoncé, Claire Richard fait son autobio-pornographique, revenant sur ces moments, ces images, ces fantasmes qui ont déterminé sa vie sexuelle et construit son imaginaire érotique. Un regard féminin, libre et décomplexé sur une vie amoureuse 2.0 et une exploration intime et personnelle des chemins de désir.

Autre curiosité, « Les chemins de désir » est à la base une fiction radiophonique d’Arte lauréate de plusieurs prix. Ce bref essai autobiographique publié au Seuil est donc le prolongement du podcast (toujours disponible ici). Un texte d’abord écrit pour être lu donc… et un roman à entendre.

De la découverte d’une BD de charme dans le grenier de sa grand-mère à l’âge de 8 ans aux vidéos X disponibles d’un simple clic, Claire Richard retrace l’histoire d’une génération aujourd’hui assaillie d’images, du film de Canal+ à l’arrivée d’Internet, de la révolution de YouPorn à l’arrivée discrète du porno sonore, des histoires vraies des amateurs du site Revebebe au porno haut débit aux profondeurs insondables…

Ma vie pornographique, c’est une météorite, c’est une arche qui traverse les époques. C’est là que s’enracinent mes chemins de désir, c’est dans ce terreau là qu’ils sont nés.

Il y a beaucoup de bonnes choses dans ce texte difficile à cataloguer. C’est instructif et presque vertigineux tant le monde de la pornographie a évolué. Mais c’est surtout le regard de Claire Richard qui interpelle, féministe assumée et consommatrice obsessionnelle de porno sous toutes ses formes, consciente des conditions le plus souvent exécrables de production du porno et pourtant irrésistiblement fascinée par un monde dans lequel elle se perd avec délice depuis le choc de la découverte, adolescente, de quelques cases en noir et blanc d’Histoire d’O. adapté par Guido Crepax.

Tout le monde me parle du porno féministe, mais je n’arrive pas à m’y mettre. Pourtant, en théorie, je suis complètement pour. Je milite pour la réappropriation du corps des femmes par elles-mêmes, je suis pro-sexe, j’admire Ovidie, je suis fan d’Annie Sprinkle, j’ai lu Wendy Delorme. Mais le porno féministe ne me fait pas envie. J’ai beau dire, je suis conditionnée. Je mouille sur du porno mainstream. Comme on peut être pour l’agriculture durable et secrètement adorer le Triple Whooper de Burger King.

Franchement à découvrir. Et à prolonger par l’écoute du podcast ou l’exploration des sites de porno audio évoqués dans le livre qui risquent bien de faire frémir vos oreilles de plaisir…

 

Éditions Seuil (Mars 2019)

Collection Fiction & Cie

94 p.

 

Prix : 12,00 €

ISBN : 978-2-02-141972-6 

 

mardi c'est parmis

chez Stephie !


6 commentaires

Stephie · 7 janvier 2020 à 11h11

J’ai peur de ne pas être séduite par la forme, en fait…

L'Irrégulière · 7 janvier 2020 à 13h39

Ah tiens, ça pourrait complètement me plaire ! Je note !

Alice · 7 janvier 2020 à 16h04

Je connaissais le podcast, écouté en partie, et me demandait ce que valait le livre. Le côté autobio me chiffonne toujours un peu en littérature, pas mon truc, mais le biais qu’elle a choisi est intéressant et c’est assez sympa de voir l’évolution des moeurs porno sous cet angle.

Jerome · 8 janvier 2020 à 14h51

Ah, la dictature de l’image… Je préfère largement le suggestif susurré à l’oreille ou les mots écrits au choc frontal d’une vidéo sans finesse.
Toi aussi ?^^

Alex-Mot-à-Mots · 9 janvier 2020 à 16h39

Un avis distancé qui doit être intéressant.

Le goût du baiser - Camille Emmanuelle - Mille et une Frasques · 7 janvier 2020 à 11h06

[…] à vous rendre chez l’Irrégulière qui aborde les liens entre yoga et sexualité, chez Noukette qui s’intéresse à […]

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