L’aube s’est levée sur notre île. Tu n’étais pas là. J’ai interrogé le ciel, je lui ai murmuré ton prénom et je t’ai attendu, encore… Tu n’es jamais revenu.

Et si elle n’avait pas lâché sa main…? Et si son frère était resté près d’elle, aurait-il pu échapper lui aussi aux soldats allemands…? Seize ans après, Anna n’a rien oublié de ces quelques secondes qui ont fait chavirer leurs destins d’enfants juifs polonais au cœur de la seconde guerre mondiale. Seize ans qu’elle revit chaque instant. Seize ans qu’elle garde l’espoir que Dorian s’en soit sorti sain et sauf, où qu’il soit. Seize ans que leur arbre refuge abrite toutes les lettres qu’elle continue de lui écrire inlassablement en espérant obtenir un jour un signe de lui…

1957. Anna Kowalski est devenue une pianiste concertiste mondialement reconnue. Pour la première fois, elle revient dans sa ville natale en Pologne pour donner un récital. Tout lui revient. La déportation de ses parents, la vie à l’orphelinat, les poèmes de son frère, la découverte du piano et la confiance d’Andrej en ses dons de musicienne, jusqu’à son adoption en France par une cheffe d’orchestre violoniste… Quelle a pu être la route suivie par Dorian ? Sera-t-il là ce soir pour l’écouter jouer Les Notes rouges, cette pièce qu’elle a composée pour lui ?  L’arbre, lui, renferme toujours en son cœur les trésors et secrets d’enfants qu’ils y ont cachés. Aujourd’hui elle ira y poser cette dernière lettre en espérant que son frère l’y attendra…

Tellement de beauté dans les silences de cet album… Tellement d’émotions à suivre ces destins parallèles qu’on espère tant voir se rejoindre. Tellement d’espoir que la vie qui malmène finisse par réunir ceux qui ne cesseront jamais de s’attendre et de s’aimer. La partition de Nadia Nakhlé ne comporte aucune fausse note. Elle alterne les préludes nostalgiques et les impromptus poétiques, joue sur les ruptures de rythme et égrène les flashbacks. Tout au long du récit, les lettres d’Anna et les poèmes de Dorian résonnent comme des phares au cœur de la nuit. Les choix graphiques de Nadia Nakhlé mettent en lumière ces choix scénaristiques audacieux avec ces touches de rouge qui transpercent un dessin aux tonalités sombres. Un album que Nadia Nakhlé dédie « aux enfants qui ont traversé la nuit » … et c’est magnifique. Foncez ♥

Et découvrir ou relire aussi le très beau Les oiseaux ne se retournent pas et le sublime Zaza Bizar.

Les notes rouges de Nadia Nakhlé
Éditions Delcourt – Collection Mirages (Octobre 2024)
208 p. / 27,95 € / ISBN : 978-2-413-04819-0

Chez Moka


16 commentaires

Nathalie · 22 janvier 2025 à 08h42

Ça à l’air très beau ! Tu dirais à partir de quel âge ?

Antigone · 22 janvier 2025 à 09h22

C’est très beau. Je suis tentée.

Celestial · 22 janvier 2025 à 10h03

Les illustrations sont merveilleuses et, même si le récit a l’air très triste j’ai l’impression qu’il est emprunt d’une certaine douceur et d’un rythme assez lent comme si la BD était sensée être une sorte de médicament contre la solitude et le deuil. Je le mets tout de suite dans ma wish list.

Natiora · 22 janvier 2025 à 10h08

L’émotion est déjà là rien qu’à te lire, et les planches sont tellement belles…

Katell · 22 janvier 2025 à 10h52

C’est magnifique et tellement émouvant.
Le titre est noté.
Merci pour le partage..

Brize · 22 janvier 2025 à 11h04

Je l’avais déjà repérée (chez je ne sais plus quelle blogueuse participant à la BD de la semaine, il me semble) et tu enfonces le clou !

Iluze · 22 janvier 2025 à 11h10

Comme c’est joli ! Dommage que ma bibliothèque ne se l’aie pas encore procurée.

Philisine Cave · 22 janvier 2025 à 13h23

J’ai préféré Les oiseaux ne se retournent pas. Je note Zaza bizar.

luocine · 22 janvier 2025 à 16h35

je me demande aussi à quel âge on peut faire lire cette belle BD

Enna · 22 janvier 2025 à 17h20

Ca a l’air vraiment très beau!

eimelle · 22 janvier 2025 à 20h41

cela me tente beaucoup aussi

gambadou · 22 janvier 2025 à 22h39

Oh, je fonce !

Gambadou · 22 janvier 2025 à 22h41

Je fonce !

Alex-Mot-à-Mots · 23 janvier 2025 à 12h56

Un graphisme un peu strict et austère à mon goût.

Jerome · 23 janvier 2025 à 16h24

C’est rien de le dire, tu donnes très envie de foncer !

PatiVore · 24 janvier 2025 à 00h17

Oh la la, merci pour la découverte ! Je note, je veux lire cette BD ! Tout ce qui se passe / s’est passé en Europe de l’Est m’intéresse : je suis allée voir La plus précieuse des marchandises de Hazanavicius (larmes) et j’ai acheté le conte de Grumberg (nouvelle édition avec des illustrations).

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