Victor aurait bien voulu suivre son père à Alexandrie mais c’est impossible, le chantier sur lequel il va travailler va lui demander beaucoup de temps. Il sera beaucoup mieux chez ses grands-parents maternels en attendant qu’il vienne le chercher. Ils iront ensuite s’installer tous les deux dans ce pays qu’il ne connait pas mais qui est aussi le sien.

Victor aime bien son bon-papa Joseph et sa bonne-maman Léontine, ils sont un peu le seul lien qu’il lui reste avec sa maman qu’il n’a jamais connue. La campagne belge est certes moins folichonne que Bruxelles où il a ses habitudes mais il devrait y être comme un coq en pâte malgré l’obligation de quelques cours à domicile pour ne pas perdre le fil. Léontine y veillera.

Des « vacances » impromptues loin de son père mais Victor ne peut s’empêcher de trouver le temps long. Heureusement, ses grands-parents paternels, immigrés égyptiens eux aussi installés en Belgique, ont bien l’intention de venir régulièrement lui rendre visite. Gueddo Iskandar et téta Faten sont des rayons de soleil qui entrent dans la vie proprette et organisée de Léontine et Joseph aussi délicatement qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. D’abord cordiaux mais distants, les rapports entre les deux familles finissent vite par s’envenimer quand les grands-parents égyptiens décident de prendre beaucoup plus de place dans la vie de leur petit Victor…

C’est peu dire que Olivier Ka m’a prise par surprise avec ce petit roman dont j’étais loin de m’imaginer l’évolution rocambolesque ! L’histoire commence en effet plutôt tranquillement. Le lecteur fait connaissance avec Victor, un jeune garçon fruit d’un métissage qui ne s’est jamais vraiment posé la question de savoir s’il était belge ou arabe. Il n’a jamais quitté la Belgique et envisage avec envie et appréhension sa vie prochaine en Égypte. Le conflit d’abord larvé puis tonitruant et dévastateur qui va s’installer entre ses grands-parents, mamies en tête, va changer la donne…

Face à face entre les Askar et les Knappen. La route les séparait. Ils se dévisageaient, personne n’avait encore dit le moindre mot. Il aurait pu y avoir une musique, un truc à l’harmonica, comme dans les westerns de Sergio Leone. Ou du violon, une longue plainte un peu stridente, pour marquer le suspens. Mais il n’y avait pas un bruit. Pas de vent non plus. Juste mes quatre grands-parents qui se défiaient du regard.

Olivier Ka s’est inspiré de sa propre histoire et de sa double origine pour imaginer Loukoum mayonnaise. Même si le trait est volontairement forcé et caricatural, même si l’auteur semble pousser le bouchon le plus loin possible, sa « guerre des grands-mères », aussi grotesque que jusqu’au-boutiste, est un exemple on ne peut plus parlant de la haine ordinaire, du racisme et de la bêtise humaine. Une guerre aussi cocasse que pathétique dans laquelle Victor se trouve pris en otage. Une guerre qui prête à rire… mais pas seulement.

Olivier Ka confirme son talent avec ce roman qui pousse le lecteur dans ses retranchements et le fait s’interroger sur les comportements absurdes et violents que peut entrainer la haine de l’autre. Un roman qui joue sciemment sur la corde de l’exagération mais fait très bien passer son message…

Une pépite jeunesse que je partage avec Jérôme, comme chaque mardi.

L’avis de Choup

Éditions du Rouergue (Septembre 2018)

Collection DoAdo

147 p.

 

Prix : 12,00 €

ISBN : 978-2-8126-1652-5

 

pepites_jeunesse

By Hérisson


3 commentaires

manU · 6 novembre 2018 à 08h51

Bien trop longtemps que je n’ai pas lu Olivier Ka alors pourquoi pas !

Nathalie · 6 novembre 2018 à 12h31

Curieuse je suis de lire la suite !! Et c’est de ta faute…

Jerome · 6 novembre 2018 à 13h37

Surprenant, c’est vraiment le mot parfait pour qualifier ce roman. Je ne pensais pas que les événements prendraient une telle tournure, la surprise n’en fut que plus belle !

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