« Enfant, quand je faisais référence à toi dans les histoires que j’inventais pour me tenir compagnie, je ne disais jamais maman, ni ma mère, mais bien plutôt nos mères. Comme si j’étais plusieurs enfants et toi plusieurs mères à la fois, et comme si tout ce que je souhaitais finalement c’était ça : diluer nos souffrances en fragmentant nos vies. »

 

Jean Charbel

Ce roman débute par cette superbe citation (et on se demande bien qui peut être ce Jean Charbel méconnu de la littérature !) qui dit tout, ou presque. Il dit toutes les mères et tous les enfants. Ce Jean multiplié qui deviendra grand et qui témoignera. Qui dira les mots pour être. Et « transformer le monde. » Son monde.

Des mots qui ne sont pas dits, […] des mots qu’on ne crie pas ou n’écrit pas, sont des mots morts, des demi-mots. […] les mots, Alice, quand ils ne sont pas dits, nous tuent à petit feu. Voilà la vérité. A chaque fois que ce qui te brûle est passé sous silence, à chaque fois que tu as mal et que tu ne le dis pas, c’est une minute de ton cœur vibrant et brûlant qui s’envole pour toujours. Et pourtant, mon amour, si seulement on pouvait être heureux sans le secours des mots, hein, comme des idiots regardant tomber la pluie.

Je ne vous dis rien ou si peu, si ce n’est que c’est une histoire entre une mère et son fils. Ou disons, d’un fils qui revient à l’origine, à la mère et à son histoire pour se dire. « Dedans, il y a tout ce que j’écris, c’est-à-dire tout ce que je vis, tout ce que je pense et tout ce que je suis. Tu comprends ? »

Un roman comme un cri…. Une délivrance … Qu’il faut lire assurément car il peut absolument vous plaire et faire comme une déflagration à l’intérieur (rien que ça !). Oui, ce récit est une merveille ! La langue poétique d’Antoine Wauters est formidable. La narration choisie, au-delà de son originalité, marque fort l’histoire et lui confère une grâce infinie. Et l’histoire, bon, elle est immense, universelle et incroyablement intime. Bref, il faut lire pardi ! Et puis, c’est un premier roman et depuis, Antoine Wauters en a écrit d’autres (il paraitrait même que ce sont, à l’identique, des romans épatants ! Un auteur à découvrir, donc, si, comme moi, vous ne l’aviez pas encore lu !)

Merci Noukette ♥

Ces femmes, […]. Ces femmes devenues folles, […]. Ces excessives, ces passionnées, […], nous les aimons, les haïssons, et elles nous aiment et nous haïssent de même. Et nous les aimons, les haïssons autant qu’elles nous aiment et nous haïssent. Et nous les aimons, les haïssons, et elles nous aiment, non, elles nous adorent. Elles nous protègent des blessures du monde. C’est tout.

Vraiment, pense-t-on alors pour la toute première fois, ces femmes sont irrécupérables. Et plus elles parlent, plus on se dit qu’elles sont séparées en deux, carrément, avec d’un côté l’amour qu’elles ont pour nous et de l’autre, le désespoir.

Éditions Verdier (Janvier 2014)

143 p.

 

Prix : 14,60 €

ISBN : 978-2-86432-745-5


2 commentaires

Alex-Mot-à-Mots · 6 mai 2019 à 14h01

Des citations vraiment fortes. Noté

Fanny · 7 mai 2019 à 16h54

J’avais adoré ce récit!

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