Les photos, c’est comme les films en noir et blanc : ça te renvoie à tout ce qui est mort et perdu. Pourtant, on a besoin de ces uppercuts. Ça peut faire penser à de la complaisance, une façon de se vautrer dans la mélancolie et d’aimer ça presque. Mais il y a autre chose : l’impossibilité d’admettre qu’on nous a arraché un trésor. Ça ne se peut pas. On a vécu avec ce trésor, alors il est toujours en nous. Il parait que les gens amputés d’un membre perçoivent toujours sa présence : il faut vraiment qu’ils se regardent dans le miroir pour appréhender la disparition. Les photos, c’est un peu le même principe : ce qu’on voit s’est évanoui, mais on a besoin d’avoir confirmation qu’on l’a bel et bien vécu.

Je crois que c’est ce que j’aime le plus chez Arnaud Cathrine, cette urgence qu’il y a à vivre, à aimer, à tout risquer. Il n’y a jamais de point final, jamais de voie sans issue. Quand on aime chez Arnaud Cathrine, on aime sans demi mesure, à pleins poumons, à perdre haleine. On prend des coups dont on ne se relève pas vraiment au dedans, on avance parce qu’il le faut mais les questions, toujours, empêchent de véritablement tourner la page. On a aimé, on a été aimé, et on aime encore. Même s’il ne faudrait pas. Même si on ne se l’avoue pas. Même si ça n’a plus de sens…

Je fais comment, moi, pour continuer à oublier Octave ?

Après Romance et les Nouvelles Vagues, Vince, Marilyn et les lecteurs amoureux que nous sommes continuent de chercher à percer le mystère Octave, celui qui a fui, celui qui n’a pas pu, celui qui n’a pas voulu… Octave l’insaisissable, éternel absent encore dans tous les cœurs dont on n’a pas encore entendu la voix. Et on l’attend. Pour tenter de comprendre ce qui l’anime, le fait vibrer, le fait vivre loin de ceux qu’il a meurtris…

Vince avait décidé de renoncer à l’amour. Une promesse qu’il s’était faite à lui même pour ne plus souffrir. Marylin, elle, s’était faite une raison. Octave, cet obscur objet du désir, est pourtant au bord de toutes les lèvres, au creux de tous les rêves éveillés, dans les souvenirs de draps froissés. Tout s’entremêle dans ce dernier tome de la si belle trilogie d’Arnaud Cathrine. Le désir fou de vivre et d’aimer avec déraison, la violence du sentiment d’abandon, l’immense douleur, l’impossible guérison… et la pulsion de vie, là, comme une étincelle prête à rallumer le brasier ♥

Une trilogie que je vais garder précieusement sur mes étagères et une lecture évidemment partagée avec Jérôme.

L’avis de Mylène.

Octave de Arnaud Cathrine
Éditions Robert LaffontCollection R (Novembre 2022)
400 p. / 17,90 € / ISBN : 978-2-221-25697-8 

pepites_jeunesse


2 commentaires

Sandrine · 31 janvier 2023 à 05h25

Ton billet donne très envie de découvrir ce texte, même quand on ne fait plus vraiment partie de la catégorie jeunesse…
J’ai vraiment beaucoup aimé « Le journal intime de Benjamin Lorca » et je viens de constater que je l’ai lu il y a près de dix ans sans relire l’auteur depuis…

Caro · 4 février 2023 à 17h27

Je n’ai lu que le 1er tome de cette trilogie, j’ai le 2e dédicacé (une bien chouette rencontre), je me le garde pour les vacances de février je pense…

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