C’est un curieux hasard qui pousse Barroux à s’emparer de cette histoire. Des caves qu’on vide, des amas de cartons déversés sur le trottoir, et au milieu de papiers humides et de livres essoufflés ce vieux carnet d’écolier jauni sobrement intitulé La frontière, l’authentique journal d’un soldat de la première guerre qui relate les premiers temps de sa mobilisation. On ne sait rien de son nom ni s’il a survécu mais son témoignage est riche et précieux. Ici, ce sont les toutes premières semaines qui sont relatées, celles où l’on pense encore que la guerre sera une formalité, où l’horreur des combats n’est pas pleinement palpable. Le soldat raconte son quotidien du 5 août au 12 septembre avant de s’arrêter brusquement d’écrire quelques jours après son transfert à l’hôpital militaire suite à une blessure A la place, des paroles de chansons qui l’accompagnent jusqu’en mai 1917.
« 3 août 1914. C’est le jour du départ. La mobilisation est décrétée, il faut partir, quitter femme, enfants, famille. J’ai du courage, il le faut. 9 heures. C’est fini : adieu à tous. Non, au revoir. Car je les reverrai. »
Au jour le jour, le soldat raconte, sans trop en faire ni trop en dire. La séparation d’avec ses proches qu’il pense revoir très vite, les interminables trajets en train sans trop savoir quelle en sera la destination, les ampoules aux pieds suite aux marches interminables vers l’est, l’épuisement, l’absence de nouvelles des proches, la peur de l’inconnu et l’ennui, aussi, quand les manœuvres se font attendre et que tout parait préférable au désœuvrement qui monte à la tête. Les vrais débuts de la drôle de guerre avec cette incertitude, ces tranchées que l’on creuse et le bruit des combats que l’on perçoit au lointain et que le lecteur ne verra que peu.
C’est toujours la même vie, je m’ennuie à mourir et j’ai le cœur bien gros. Je regrette parfois de n’être pas resté sur la ligne de feu.
86 planches dessinées au fusain et à la mine de plomb sur papier jauni pour mettre en images le texte originel contenu dans ce carnet découvert par hasard. Ici les hommes ne sont que des hommes, ils ne sont pas encore des héros. Un précieux témoignage qui contraste avec les récits des combats et de la vie dans les tranchées. A découvrir !
Les avis de Blandine, Liyah et Nath
Barroux sur le blog : S’aimer – Le voyage au bord du monde – Une guerre pour moi... – Le grand incendie – Dans la gueule du loup
On les aura ! Carnet de guerre d’un poilu (août, septembre 1914) de Barroux Éditions du Seuil (Septembre 2011) 93 p. / 16,90 € / ISBN : 978-2-02-104445-4 |
D’autres bulles à découvrir chez…
Fanny Eimelle Gambadou
Blandine Nath
4 commentaires
Blandine · 15 novembre 2023 à 08h57
Cet album me laisse un très fort souvenir. Et je suis particulièrement émue que l’ont puisse jeter ce genre de témoignage
Blandine · 15 novembre 2023 à 08h58
Cet album me laisse un fort souvenir. Et je suis toujours émue que l’on puisse jeter ce genre de témoignage
eimelle · 15 novembre 2023 à 09h07
quelel chance que ce carnet ait été découvert ! Un si fort témoignage !
Gambadou · 15 novembre 2023 à 21h09
Très beau que cela soit inspiré du vrai carnet d’un poilu. Je ne connaissais pas, je vais l’acheter pour le CDI.