Andrew J. Rush a tout pour être heureux. Écrivain à succès qualifié de « Stephen King du gentleman » par les médias, ses romans policiers rencontrent des millions de lecteurs dans le monde, lui permettant d’avoir un train de vie plus que confortable dans sa petite ville du New Jersey où il fait figure de célébrité locale. Une femme compréhensive et aimante, des enfants équilibrés qui ont fait leur vie, Andrew bénéficie des conditions idéales pour écrire.
Pourtant, Andrey cache un secret à tout son entourage, y compris à son éditeur. Sous le pseudonyme énigmatique de Valet de pique, il écrit des romans très noirs, d’une violence et d’une perversité extrêmes, qui connaissent un succès grandissant dont il est le premier à s’étonner. Une double vie qui lui sert de soupape, lui permet d’extérioriser son moi peu recommandable tout en gardant son intégrité d’auteur lisse plébiscité par les lecteurs.
Jusqu’à ce que quelques petits grains de sable viennent enrayer la machine si bien huilée. Des interrogations d’une de ses filles qui décèle dans un roman du Valet de pique des anecdotes plus que personnelles. Une accusation de plagiat d’une femme apparemment déséquilibrée qui écrit des romans auto-publiés. Le secret d’Andrew vacille, l’emmenant doucement vers la folie. Et la voix du Valet de pique se réveille…
Je ne suis pas une fan inconditionnelle de l’auteure. D’elle, je n’ai lu que Délicieuses pourritures qui à l’époque m’avait profondément marqué. J’avais aimé cette ambiance lourde, ce côté malsain complètement assumé, cette sensation d’être prise au piège d’un jeu pervers et d’être manipulée de bout en bout. Assurément la marque de fabrique de Joyce Carol Oates. Pourtant je n’ai pas réitéré l’expérience depuis, ses derniers romans me paraissant un brin trop glauques et difficiles à digérer. C’est une des raisons qui m’a poussée à lire ce thriller où l’auteure semble s’éloigner quelque peu de ses habitudes, quitte à perdre en route ses lecteurs habitués à ses excès.
Et je n’ai pas boudé mon plaisir. Sans pour autant crier au génie, j’ai aimé cette variation sur le thème plus que rebattu du double, aimé cette lente plongée dans le cerveau embrumé d’un auteur qui provoque lui-même sa propre chute, aimé cette ambiance malsaine qui s’intensifie au fil du roman. Oates se joue du lecteur, sème le trouble tout en manipulant de façon subtile les codes du roman noir. Terriblement efficace, Valet de pique est un roman finement psychologique qui titille et tient le lecteur en haleine de bout en bout. Je ne peux cependant m’empêcher de penser que l’auteure s’est offert une parenthèse récréative avec ce roman, très différent de ses écrits habituels, laissant au lecteur le soin de démêler certains fils un brin embrouillés. Qu’importe, je l’ai dévoré !
Les avis de Jostein, Keisha, Lea Touch Book et Valérie
Éditions Philippe Rey (mars 2017)
218 p.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claude Seban
Prix : 17,00 €
ISBN : 978-2-84876-585-3
16 commentaires
Marie-Claude · 23 mars 2017 à 02h45
Tu connais mes bizarreries?! Je préfère ses romans un «brin trop glauques et difficiles à digérer». C’est pourquoi je lirai d’abord ceux qui sont dans ma pal, avant celui-ci!
keisha · 23 mars 2017 à 07h39
Pour moi celui ci est déjà difficile à digérer… Le non expliqué dans un bouquin m’agace. Trop facile!(elle n’utilise pas vraiment, par exemple, la découverte de sa fille sur les faits réels dans ses livres)
Bon, j’avais bien aimé Sacrifice, où elle n’en faisait pas trop et qui était finement fignolé.
eimelle · 23 mars 2017 à 08h00
c’est une auteure que j’apprécie « environ une fois sur deux », à tenter peut être dans un moment!
framboise · 23 mars 2017 à 09h59
Aime pas bien cette auteure la vérité 😉 Peux d’ailleurs pas vraiment te dire pourquoi si ce n’est qu’elle m’agace ! Mais si ce livre te semble être une parenthèse et qu’en plus tu l’as dévoré alors … pourquoi pas !
Bisous copine <3
Virginie · 23 mars 2017 à 10h49
Je n’ai pas aimé Sacrifice, alors forcément, j’hésite pour celui-ci…
Jerome · 23 mars 2017 à 14h10
Pas un thème qui m’emballe. Elle est si productive que j’ai largement le choix pour me pencher sur un autre de ses romans 😉
gambadou · 23 mars 2017 à 20h52
Tu as l’air enthousiaste en effet, mais un peu trop malsain pour moi
A_girl_from_earth · 23 mars 2017 à 23h51
Bon, toujours pas lu cette auteure mais ça fait un moment que je cherche par quel titre commencer. Celui-ci avait attiré mon attention sur la blogo malgré des avis mitigés, parce que la thématique me parle bien, aussi ton commentaire me conforte dans mon choix. Chouette !
Fanny · 24 mars 2017 à 08h10
Je suis une grande fan de l’auteure mais celui-ci ne m’attire pas!
Mes préférés à ce jour reste « Carthage », »confessions d’un gang de filles », « j’ai réussi à rester en vie », et « Fille noire, fille blanche ».
Bonne journée Noukette!
Fanny · 24 mars 2017 à 08h10
Oups *restent
Alex-Mot-à-Mots · 24 mars 2017 à 09h58
Je note ce titre, car j’hésite toujours avant de lire un roman de l’auteur.
Livresse des Mots · 25 mars 2017 à 11h26
Ah, JCO et moi, c’est une drôle d’histoire ! Les Chutes a été une de mes plus belles découvertes littéraires, j’ai eu un coup de foudre pour l’univers de l’auteur et pour sa plume. Mais, depuis, elle me déçoit quasiment systématiquement. Pourtant, je continue de la lire, dans l’espoir de retrouver la puissance des Chutes. Celui-là est dans ma pile à lire, je pense le lire prochainement, mais je commence à me faire une raison et me dire que je ne retrouverai jamais Les Chutes …
She reads a book · 27 mars 2017 à 19h17
Je dirais à tenter ! 😉 J’ai peur d’être déçue.
Nadine · 6 avril 2017 à 19h22
Dire que je n’ai toujours pas lu cette auteure. Il y a tant de titres que je ne saurais par lequel débuter!
Celui-ci, pas un grand coup de cœur si je comprends bien mais un livre dévoré c’est déjà beaucoup. Bon il faut vraiment que je me tourne vers un titre…
Une suggestion Noukette?
Liliba · 13 avril 2017 à 17h45
J’adore cette auteur et ses ambiances glauques…
Emma · 18 avril 2017 à 12h41
Il va falloir un jour que je découvre son écriture !