Il y a des voix de femmes, qui résonnent comme des poèmes, comme des échos venus d’ailleurs. Puis elles changent. Les yeux changent aussi. Je crois que toutes ces légendes sur ces gens qui, la nuit, se transforment en animaux – comme les histoires du loup-garou, par exemple – ont été inventées par des hommes qui ont vu les femmes se transformer la nuit, qui ont vu ces créatures idéalisées, objets de toutes les vénérations, devenir de véritables bêtes – et ils ont dû croire qu’elles étaient possédées.

On ne parle pas de sexe quand on est une femme. Anaïs Nin l’a fait et on n’a sûrement jamais fait mieux depuis. Dire l’érotisme et les sentiments, la sensualité et la tendresse, la violence et la douceur… Ce n’est pas si simple de ne pas paraître artificiel, pas si simple de s’éloigner des clichés ou des attendus d’un genre qui dans les années 40 était quasi exclusivement l’apanage des hommes. Anaïs Nin explore toutes les nuances du désir. Elle ose le regard appuyé sur des corps qui n’ont rien à cacher. Elle capte les petits instants où le cœur lâche et le cerveau divague.

Quant à moi, j’oubliais mon œuvre véritable quand je devais écrire des histoires érotiques. Elles sont les aventures dans ce monde du sexe. J’eus du mal, au début, à les exposer au grand jour. La vie sexuelle, pour nous tous – poètes, écrivains, artistes – se cache souvent, masquée sous plusieurs épaisseurs. Elle apparaît comme une femme voilée, à demi rêvée. (Préface)

Je n’ai pas encore lu Vénus Erotica. Un best-seller depuis sa parution. J’ai donc commencé ma découverte tardive des écrits d’Anaïs Nin par Les Petits Oiseaux, un court recueil de nouvelles qui constitue la suite et la fin de ces textes érotiques écrits sur commande pour un riche particulier en 1940 mais publiés après sa mort. Des textes longtemps relégués dans les tiroirs avant qu’Anaïs Nin ne décide de finalement les en sortir « parce qu’ils représentent les premiers efforts d’une femme pour parler d’un domaine qui avait été jusqu’alors réservé aux hommes ».

Treize textes sans aucune fausse note qui explorent les zones d’ombre du désir, des frémissements à l’extase, de l’attente insoutenable à la délivrance. Des textes décomplexés et évidemment très explicites mais pour autant jamais vulgaires, même si certains peuvent mettre mal à l’aise le lecteur d’aujourd’hui. Et puis surtout, c’est magnifiquement écrit. J’ai beaucoup aimé.

 

En écho, succomber à Anaïs Nin, sur la mer des mensonges ♥

L’avis de Caroline

 

Le Livre de Poche (1982)

157 p.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Béatrice Commengé

 

Prix : 6,40 €

ISBN : 2-253-02747-2 

 

mardi c'est parmis

chez Stephie !


6 commentaires

Stéphie · 2 février 2021 à 09h58

D’autres nouvelles m’attendent comme tu sais… mais celles écrites avant même la rencontre avec Miller, quand elle patauge encore dans l’écriture de son essai 😉

Fanny · 2 février 2021 à 12h27

Contrairement à toi, j’ai lu Venus erotica mais ai encore Les petits oiseaux dans ma pal.

Nathalie · 2 février 2021 à 13h46

Il est sorti des profondeurs de ma pal himalayenne depuis que j’ai lu « Sur la mer des mensonges »… Mais j’ai d’autres trucs à finir avant !!

L'Irrégulière · 3 février 2021 à 11h26

Anaïs Nin c’est toujours une expérience magnifique !

Alice · 9 février 2021 à 22h31

Je connais Anaïs Nin par petites touches, des textes lus ici et là, que j’ai toujours aimé, lire et lire à voix haute aussi, car nous proposons parfois des lectures à voix haute pimentées à la médiathèque 🙂 mais il faudrait que je me pose sur son journal ou un recueil, celui-ci me paraît tout à fait indiqué !

Jérôme · 10 février 2021 à 14h44

Jamais lu Anaïs Nin, ce serait un bon début.

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