Sauf quand on les aime

 

 

Je suis entrée dans ce nouveau roman de Frédérique Martin sur la pointe des pieds, à la fois avide de partir à la rencontre de nouveaux personnages et anxieuse de ne pas réussir à m’y attacher. C’est le risque, peut-être, quand on a tant aimé le précédent roman d’un auteur…

 

Dès les premières lignes, les premières pages, j’ai eu l’impression que les mots m’explosaient au visage. La violence, banalisée et abjecte, les mots cinglants qui lacèrent le cœur, et cette peur, à peine diffuse, que l’on va au devant d’un drame. Pour être franche, je n’étais pas certaine de vouloir affronter tout ça…

 

 

Et puis très vite, on entre dans la bulle, ce petit cocon bâti pour affronter les embruns de la vie dans lequel tentent de se reconstruire Claire, Juliette, Kader et Tisha. Des jeunes gens, plein d’entrain, la rage aux lèvres, l’envie de s’en sortir, déjà peu épargnés par un quotidien pas toujours rose. La vie en somme. Entre eux, des liens très forts, presque tissés dans l’urgence, l’amitié… et puis l’amour aussi, celui qui frappe quand on ne l’attend pas, celui qui patiente, celui qui regarde de loin, celui qui se refuse parfois…

 

Claire, Juliette, Kader, Tisha… Petit à petit, je me suis attachée à eux, j’ai aimé leurs fêlures, leurs hésitations, leurs frôlements, leurs revirements. J’ai pesté aussi, avec eux, contre eux. Je les ai observé, un peu comme leur voisin, monsieur Bréhel, d’un regard bienveillant, peut-être un peu jaloux parfois. Mais la jeunesse n’empêche pas les claques, les revers du destin, les coups du sort… Et là, Frédérique Martin surprend. Les caresses se transforment en coups de poing, les sourires en larmes. Et personne n’est épargné. Et si ça fait mal, si ça dévaste tout, si ça ébranle les remparts qu’on s’est construit avec force… on avance, malgré tout. Mais rassurez-vous, pas de morale de pacotille ici, encore moins d’happy end mielleux, non, du tout…

 

Conquise, une fois de plus. La langue surprend, souvent dure, parfois âpre, toujours vraie. Les mots égratignent, soignent aussi. Le vase où meurt cette verveine m’avais mise KO… Sauf quand on les aime me fait dire que je n’ai pas fini de lire Frédérique Martin…

 

 

Les avis du petit carré jaune, de Leiloona, Maeve, Marie-Claire, Martine, Mélo, Séverine, Stephie, Titou

 

 

Au hasard des pages : « Tisha sent sa mémoire se déplier. Elle a une brève vision de ses mains en train de lisser des cassures. Une soie défroissée, pense-t-elle. Ce qui a été ne s’effacera pas, pourtant elle devine qu’elle ne reviendra pas ici sans repenser à cette union inattendue. Elle n’est ni seule ni accompagnée, juste liée à des inconnus aussi vulnérables qu’elle, mais soudés entre eux précisément pour cette raison. Une phrase la traverse – Maintenant tu sais où est ta force. » (p. 203)

 

 

Éditions Belfond (Août 2014)

224 p.

 

 

challengerl2014

Et une nouvelle lecture pour le Challenge 1% Rentrée littéraire

chez Hérisson !

2/6


66 commentaires

Laeti · 28 août 2014 à 09h55

Comment rester indemne après Le vase où meurt cette verveine? Je viens justement de le terminer et il m’a… soufflée! Ce nouveau roman semble être sur le même ton, mais avec une histoire différente. Je l’ai noté aussi! C’est certain, Frédérique Martin va m’accompagner un moment!

    Noukette · 29 août 2014 à 00h05

    Le vase où meurt cette verveine est un roman éblouissant… Hâte de lire ton billet !
    Celui ci, dans un genre très différent, ne devrait pas te laisser indemne non plus…

Midola · 28 août 2014 à 10h03

Les billets qui fleurissent sur la blogosphère au sujet de ce roman me donnent de plus en plus envie de le lire, surtout que je ne connais pas encore l’auteur.

    Noukette · 29 août 2014 à 00h07

    Si tu ne connais pas encore l’auteure, je te conseille quand même de commencer par Le vase où meurt cette verveine… Une vraie merveille… Une auteure à suivre en tous cas…

Emma · 28 août 2014 à 10h32

Je ne connais pas non plus l’auteure, on commence à voir beaucoup d’articles sur ce livre. A voir, il commence à me tenter.

    Noukette · 29 août 2014 à 00h08

    Tant de tentations… 😉 (et ravie de te tenter…!)

cartonsdemma · 28 août 2014 à 10h46

« Le vase où meurt cette verveine » m’avait bouleversée, j’attend ce week-end avec impatience pour aller m’offrir celui-ci

    Noukette · 29 août 2014 à 00h11

    Très différent… Mais la plume de Frédérique Martin, elle, est toujours un enchantement…

Cynthia · 28 août 2014 à 11h12

Je ne connais pas l’auteure mais je crois que je commencerai par « Le vase où meurt cette verveine » 🙂

    Noukette · 29 août 2014 à 00h12

    Tu fais bien. Surtout qu’il sort en poche au début du mois ! 😉

Anne · 28 août 2014 à 13h00

Une auteure que j’aimerais vraiment découvrir, décidément !

    Noukette · 29 août 2014 à 00h13

    Son précédent roman sort en poche dans quelques jours, peut-être l’occasion de la découvrir enfin ? 😉

Frédérique Martin · 28 août 2014 à 13h03

Merci Noukette de m’avoir suivie dans cette lecture. D’un livre à l’autre, dérouler sa musique sans se répéter pour autant et faire confiance au lecteur pour accepter ces variations sur un même thème.

    Noukette · 29 août 2014 à 00h16

    Je suis admirative, vraiment… Pas si simple d’arriver à se renouveler, tout en surprenant et séduisant autant… Merci pour toutes ces belles émotions…! ♥

Aifelle · 28 août 2014 à 13h49

J’avais aimé le premier aussi, je compte bien lire celui-ci.

    Noukette · 29 août 2014 à 00h16

    J’espère que tu seras aussi séduite que moi…!

zazy · 28 août 2014 à 14h36

Lu un autre commentaire positif sur ce livre; Séduite par son précédent roman, je lirai certainement celui-ci

    Noukette · 29 août 2014 à 00h17

    C’est un roman surprenant, déroutant… et bouleversant…!

clara · 28 août 2014 à 15h18

j’ai bloqué à cause de l ‘écriture dans les 40 premières pages ….

    Noukette · 29 août 2014 à 00h18

    Dommage… ces premières pages m’ont aussi fait peur au début et puis… bam…! Tu devrais le reprendre…

jerome · 28 août 2014 à 16h23

Tu en parles vraiment bien (comme d’hab) mais je me suis promis de ne pas élargir ma pal de rentrée. Cruel dilemme…

    Noukette · 29 août 2014 à 00h18

    Tu découvriras cette auteure, foi de Noukette ! 😉

yueyin · 28 août 2014 à 16h25

Une auteure à découvrir on dirait 🙂

Marguerite · 28 août 2014 à 16h54

Bon… Il faut absolument que je lise Le vase où meurt cette verveine 🙂

Alex-Mot-à-Mots · 28 août 2014 à 20h50

Vu chez mon libraire, puis reposer. Mais pourquoi ?!

    Noukette · 29 août 2014 à 00h20

    Ça je me le demande ! Tu avais lu son précédent ?

Leiloona · 29 août 2014 à 09h01

Oui, c’est une romancière que je compte bien suivre : j’ai trouvé ce roman plus abouti encore que la verveine … ce n’était pas gagné tant j’avais aimé ce roman !

    Noukette · 29 août 2014 à 22h56

    Je dois avouer que Le vase où meurt cette verveine est inégalable pour moi… même si j’ai énormément aimé celui ci ! 😉

ohoceane · 29 août 2014 à 17h00

Bon, je vais commencer par Le Vase ! Tu es convaincante tu sais 🙂

Mélopée · 30 août 2014 à 13h16

C’est fort ce que tu en dis ! Je pense faire un passage en librairie cet aprèm et j’ai bien « peur » de ne pas repartir les mains vides. Merci à toi pour ce bel avis !

titoulematou · 30 août 2014 à 19h46

je suis heureuse que vous ayez aimé ce livre!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Moi aussi je crois que je vais aller à la découverte de Frédérique Martin!!
J’ai hate de trouver son livre précédent!

Sandrine · 31 août 2014 à 10h55

Je ne sais pas bien si j’ai envie de lire ce livre, cette auteur, mais si ma route croise ce titre, je me souviendrai de ton beau billet.

    Noukette · 1 septembre 2014 à 22h46

    Si tu dois découvrir l’auteure je te conseille tout de même Le vase où meurt cette verveine… Formidable roman épistolaire…!

Sous les galets · 1 septembre 2014 à 07h28

moi c’est l’effet « trop de billets tue le billet », depuis 10 jours ce livre est sur énormément de blogs, tous emballés évidemment, point de bémol ni de réserve…et voilà, la râleuse que je suis se réveille et du coup je suis suspicieuse…en plus tu sais que je n’ai pas de coeur, alors « l’amour qui surgit quand on ne l’attend pas » ne me fait pas frissonner comme ça le devrait.
Ne m’en veux pas Noukette, je suis irrécupérable 😉

    Noukette · 1 septembre 2014 à 22h51

    Je peux comprendre ta suspicion… Mais en l’occurrence, j’avais adoré son précédent… Tellement, tellement ! Je ne pouvais pas passer à côté de celui là. Au départ, j’avais peur de ne pas m’y retrouver… et puis non, touchée coulée…
    Mais je ne t’en veux pas hein…, du tout, du tout 😉

gambadou · 1 septembre 2014 à 18h04

Je l’ai commencé hier soir … à suivre

laurie · 1 septembre 2014 à 22h28

Magnifique billet. J’avais été conquise par Le vase où meurt cette verveine et les billets de Leiloona et Stephie, le tien me rappelle que je dois me procurer cet ouvrage au plus vite.

    Noukette · 1 septembre 2014 à 22h56

    Comment ne pas aimer Le vase…? Celui ci est très différent mais je n’ai aucun doute sur le fait que tu tomberas toi aussi sous le charme … 😉

Sandrion · 1 septembre 2014 à 23h12

J’avais adoré « ce vase où meurt cette verveine », très perturbant et pas politiquement correct en quelque sorte, donc, forcément, là, tu me donnes envie !

    Noukette · 10 septembre 2014 à 18h10

    C’est différent… mais c’est du Frédérique Martin, tu ne peux qu’aimer ! 😉

L'or rouge · 3 septembre 2014 à 13h55

J’ai vu que « le vase où meurt cette verveine » va paraître en poche, je le lirais donc avant de me pencher sur celui là, mais je le note tout de même, le sujet m’interpelle très fortement…

    titoulematou · 5 septembre 2014 à 19h31

    quand quand la sortie en poche???

    Noukette · 10 septembre 2014 à 18h18

    J’espère que tu as eu le temps de te rendre dans une bonne librairie pour récupérer le « précieux » ! 😉

lasardine · 4 septembre 2014 à 10h02

il va vraiment falloir que je découvrir ces deux titres!

lucie · 7 septembre 2014 à 18h53

ton billet est splendide… oui ce roman c’est un truc de dingue

    Noukette · 10 septembre 2014 à 18h44

    Un roman qui prend par surprise, tout ce que j’aime !

vicim /Sophie · 7 septembre 2014 à 22h49

Il me le faut !

Marion · 10 septembre 2014 à 09h19

Rien que le titre déjà…

Dans la bibliothèque de Noukette · 28 août 2014 à 13h21

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Blogs « Sauf quand on les aime » · 28 août 2014 à 13h41

[…] La bibliothèque de Noukette : Aout 2014 – Conquise, une fois de plus. La langue surprend, souvent dure, parfois âpre, toujours vraie. Les mots égratignent, soignent aussi […]

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