M’en aller me fend le cœur mais puisqu’il n’y a pas d’avenir pour moi ici je vais m’en trouver un ailleurs.Je pars pour un ailleurs meilleur. Chez moi, on n’attend pas la pluie pour se laver.
Alassane n’a pas vraiment le choix. A 15 ans, les perspectives d’avenir que lui offre son pays sont maigres. A la mort de son père, les terres qu’il pensait lui revenir tombent dans l’escarcelle de ses frères ainés nés d’un premier mariage. Ayant quitté l’école, n’ayant plus de moyens de survivre, l’adolescent décide de quitter la Côte d’Ivoire pour rejoindre la France, le pays des Droits de l’Homme, de Jacques Chirac et de la Tour Eiffel. Là-bas, c’est sûr, il pourra prendre son envol, déployer ses ailes et devenir quelqu’un.
Conscient des obstacles qu’il risque de croiser sur sa route, Alassane prend le risque de tout perdre, même la vie, pour atteindre l’Europe. Qu’importe si des murs de barbelés s’érigent devant lui. Qu’importe si les profiteurs de tous bords voudront lui manger la laine sur le dos. Qu’importe si ses espoirs et ses rêves prennent du plomb dans l’aile. A l’arrivée, il pourra faire confiance en sa force de caractère, sa volonté sans failles et en sa bonne étoile…
La réalité dépasse toujours la fiction… L’histoire d’Alassane et de ses compagnons de route est venue à Sophie Adriansen par la bouche même de ses « héros » rencontrés dans une librairie bretonne. C’est leur histoire qu’elle raconte, leur fuite, leurs parcours alors qu’ils n’étaient pas encore des adultes mais déjà plus des enfants. Des jeunes adultes qui maintenant construisent leur vie loin de chez eux. Et qui y ont toujours cru, malgré les cailloux le long du chemin et les difficultés, à des milliers de kilomètres de chez eux, pour assimiler un nouveau mode de vie et comprendre ce qu’on attend d’eux, parfois au mépris des droits les plus fondamentaux de l’homme.
Toujours juste, au plus près des émotions ressenties, Sophie Adriansen raconte les raisons qui poussent à tout quitter. Les passeurs, le centre d’accueil temporaire en Espagne, le départ pour Paris, le statut de mineur isolé, l’arrivée à Lorient dans un hôtel, les belles rencontres et les déceptions, l’apprentissage d’un métier… Tout est crédible, réaliste, édifiant, poignant. La seconde partie qui s’attache à la vie d’Alassane en France est à ce titre riche d’enseignements tant il est rare en littérature jeunesse d’avoir autant d’informations accessibles sur la prise en charge de tous ces mineurs isolés. Sans rien édulcorer, loin des idées préconçues, Sophie Adriansen offre une tribune à tous ces migrants prêts à tout pour un « ailleurs meilleur ». A mettre entre toutes les mains dès le collège et même avant !
Une pépite jeunesse que je partage avec Jérôme, comme (presque) chaque mardi.
Les avis de Argali, Hélène, Héliéna, Petite noisette…
Sophie Adriansen sur le blog : Max et les poissons – Les grandes jambes – Quart de frère, quart de soeur tome 1 et 2 – Quart de frère, quart de soeur tome 3 – Lise et les hirondelles – Papa est en bas – Je ne suis pas un héros
Éditions Nathan (Septembre 2019)
172 p.
Illustration de couverture de Tom Haugomat
Prix : 5,95 €
ISBN : 978-2-09-258820-8
9 commentaires
keisha · 19 mai 2020 à 08h26
Je peux le signaler à une amie de l’assoc qui a une fille juste du bon âge!
Stephie · 19 mai 2020 à 08h35
Ce livre m’avait énormément touchée !! Coup de coeur !
Enna · 19 mai 2020 à 11h09
C’est tellement important que les jeunes puissent découvrir ces situations par la littérature jeunesse!
Sophie · 19 mai 2020 à 17h06
Merci Noukette pour cette pépite-surprise ! Bises masquées
krol · 19 mai 2020 à 20h41
Encore un roman de Sophie Adriansen, elle écrit beaucoup ! Et toujours sur des thèmes brûlants.
Caro · 19 mai 2020 à 23h40
Je l’ai à lire celui-ci ! Et ça tombe bien, j’aime beaucoup ce qu’écrit Sophie Adriansen… 🙂
Moka · 20 mai 2020 à 07h56
Décidément, cette autrice fait souvent mouche !
Paolina Mirontaine · 23 mai 2020 à 20h16
Je ne l’ai pas encore lu mais il est surnoté. Sophie m’avait parlé de ce projet et hâte de l’entendre mercredi prochain.
Jérôme · 23 mai 2020 à 20h38
Encore une fois, Sophie a trouvé les mots justes pour parler d’un sujet difficile.