Mauvais sang – Loïc Clément / Lionel Richerand

La vie entière est source d’angoisse et de stress pour Tristan Ténébrae, déjà plus de mille ans que ça dure. Pas facile tous les jours quand on est un vénérable vampire mais qu’on ressemble trait pour trait à un enfant de huit ans, hormis les canines pointues et le teint blafard. Tristan le bien nommé traine ses peurs avec lui du soir au matin, affligé par une ribambelle d’inquiétudes allant des nouvelles anxiogènes égrainées par la radio au désordre de sa salle de jeux.

Dans son immense demeure antique du centre-ville, le petit vampire tente de gérer ses angoisses à l’aide d’un emploi du temps parfaitement huilé et d’une to-do list rassurante. Pour autant, le stress s’accumule et même l’oreille attentive de Mr Jingle, son majordome Orang Outang, n’y fait rien. Crampes d’estomac, éveils nocturnes, sueurs froides… Tristan ne peut parfois s’empêcher de planter ses crocs dans des cous accueillants, juste quelques gouttes pour se calmer. Et dans le quartier, ça commence à jaser…

Jusqu’à ce qu’il croise le regard profondément doux et bienveillant de la belle Lucile. A la différente des autres humains, elle ne semble pas le juger. Ni Aurore, sa maman, fascinée par cet étrange petit garçon si angoissé. Elle en est sûre, Tristan est malade, et elle est bien décidée à le soigner…

Au vu des échantillons, le diagnostic est sans appel : ton sang est aussi noir que tes angoisses !

Nouvel opus dans la belle collection des Contes des cœurs perdus après Chaussette, Le voleur de souhaits, Chaque jour Dracula, Jeannot et Le silence est d’ombre. J’aime décidément beaucoup ce qui se dégage de ces albums et les fils qui les relient (Dagobert le chien fantôme hante ces pages, quel bonheur…!). La solitude, le temps qui passe, la différence, ces petites et grandes choses qui rendent triste ou immensément heureux, ces routines qui rassurent ou enferment, ce besoin parfois de sortir de son petit cocon pour vivre enfin intensément… Avec ce nouveau personnage de vampire qui se fait un sang d’encre, Loïc Clément nous parle de nos angoisses. Celles qui nous cadenassent le cœur et le rendent exsangue. En rencontrant Lucile et sa jolie famille bariolée et solaire, Tristan apprend enfin à aimer et être aimé.

Graphiquement, c’est un plaisir de retrouver le trait de Lionel Richerand. Les bouilles des personnages sont extras, leurs mimiques très expressives, les couleurs pétillantes, les contrastes plein de sens… cette nouvelle association est une très belle idée, vraiment. J’espère que Loïc Clément a d’autres idées pour poursuivre cette jolie collection, je sais déjà que ce titre là va beaucoup plaire à mes collégiens !

On n’est pas une famille décomposée, tu sais… juste une famille recomposée !

Tant qu’on est là les uns pour les autres, le reste est comme un clapotis dans une flaque.

Loïc Clément sur le blog : Chaussette – Chaque jour Dracula – Le voleur de souhaits – Chroniques de l’île perdue – Le temps des Mitaines – Jeannot

Lionel Richerand sur le blog : L’étrange réveillon – L’esprit de Lewis tome 1 et tome 2

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