Le temps file, bientôt la trêve estivale… et comme à chaque fin d’année scolaire, des lectures qui s’accumulent et dont je n’ai malheureusement pas eu le temps de parler ici. Juin et son cortège d’obligations-spectacles-kermesses-concerts-réinscriptions et autres réjouissances ont grandement empiété sur mon espace vital, à la trappe donc les billets sur ces romans lus pourtant avec envie voire même avec boulimie. Impossible pour autant de ne pas parler de ces romans qui m’ont transportée dans de bien agréables parenthèses. Zoom donc sur ces quelques titres oubliés qui méritent plus qu’un petit coup de projecteur…!
Une histoire d’amitié, de temps qui passe et de regrets. Une amitié quasi fusionnelle et Camille… le premier amour, celui qu’on ne peut pas partager. J’ai aimé ces réminiscences d’un temps enfoui, cette langueur et cette atmosphère qui imprègne chaque page. L’écriture précise de Sean Rose est d’une rare élégance. Elle comble les vides, dit à merveille le lien fraternel, la trahison et l’amour passion, épouse la mémoire et les souvenirs. Une jolie parenthèse de lecture que l’on referme en ayant envie de revoir Jules et Jim…
Le meilleur des amis de Sean Rose, Actes Sud, 2016, 16,90 €
ISBN : 978-2-330-07271-1
Voyage d’hiver ou ces retrouvailles tant attendues avec l’auteur du sublime et inégalable Confiteor. Un recueil de nouvelles écrites avant ce chef d’œuvre de l’auteur enfin traduites en France. Et déjà, entre les lignes, ces thèmes qui lui sont chers : le temps qui passe, la mémoire et l’oubli, les racines du mal, l’art et la musique. Quatorze nouvelles de toute beauté et un gros coup de cœur. De vraies fulgurances d’écriture, des liens qui se tissent comme par magie, une poésie et une érudition qui forcent le respect… et au final, un voyage que je ne suis pas prête d’oublier…
Voyage d’hiver de Jaume Cabré, Actes Sud, 2017, 22,50 €
ISBN : 978-2-330-07317-6
Autres retrouvailles espérées, celles avec l’univers de Erri de Luca, un auteur que j’apprécie de plus en plus à mesure que j’apprends à le connaître. Toujours cette petite musique bien particulière, toujours cette économie de moyens, cette retenue, cette poésie de l’ellipse. Une plume et une vraie voix. Le sujet de La nature exposée n’est pas banal. Il y est question de religion, de sacré, d’art, de sexualité, de nature et de choix de vie. Il y est question de solidarité et de cette aptitude de l’homme à la compassion. Un texte intelligent et universel qui m’a laissée baba d’admiration…
La nature exposée de Erri de Luca, Gallimard, 2017, 16,50 €
ISBN : 978-2-07-269791-3
Un Goncourt du premier roman plus que mérité pour ce texte intelligent bourré d’humour et de tendresse sur ces racines qui nous construisent, ces terres qui nous voient grandir, ces abandons qui nous façonnent. La révolution iranienne, un exil à Paris et une petite fille qui pousse entre deux rives, rejette progressivement le pays qui l’a vu naître, en adopte un autre pour finir par réunir, à sa façon, ces deux cultures indissociables dans ce qu’elle est devenue. Un texte profondément attachant, une construction brillante et une voix originale qui fait un bien fou…!
Marx et la poupée de Maryam Madjidi, Le Nouvel Attila, 2017, 18,00 €
ISBN : 978-2-37100-043-8
Antoine Choplin, un autre de mes incontournables. C’est à se demander ce que je peux encore en dire. Choplin ne ment pas. Il raconte des histoires et n’a que faire des fioritures inutiles. Son écriture fait parler les silences… et elle me va comme un gant. J’ai aimé cette rencontre avec Tomas Kusar, garde-barrière dans la Tchécholovaquie communiste, entré malgré lui dans l’Histoire quand sa route croise celle du futur président du pays. Il y est question d’amitié, d’engagement, de révolution silencieuse et d’espoirs. Et comme à son habitude, Antoine Choplin est impérial. Un texte magnifique et profondément humain.
Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar de Antoine Choplin, La fosse aux ours, 2017, 18,00 €
ISBN : 978-2-35707-095-0
L’année dernière j’avais fait connaissance avec Le facteur émotif. Bilobo, le facteur qui « voyage » par procuration en subtilisant les rares courriers personnels dénichés dans sa tournée et qui les décachette à la vapeur le soir venu dans la solitude de son appartement. Un facteur qui par amour se mettra à écrire des haïkus en usurpant l’identité du véritable expéditeur… Cette suite est tout aussi poétique, décalée et réjouissante. Et au lecteur de s’attacher à la jeune Tania, amoureuse éperdue de ce facteur pas banal dont le cœur penche ailleurs. L’auteur surprend encore avec une fin inattendue qui donne le sourire et boucle la boucle d’une admirable façon. Le facteur émotif vient de sortir en poche, ne vous privez pas de ce joli moment… et foncez lire cette suite !
La fiancée du facteur de Denis Thériault, Anne Carrière, 2017, 16,00 €
ISBN : 978-2-84337-855-3
Ce roman là a une place à part dans mes récentes lectures. Enola game, le premier roman de l’auteure, avait été une déflagration et un énorme coup de coeur. Plusieurs années de silence et Chris Diehl revient dans un tout autre registre, quitte à désarçonner son lectorat fidèle et brûlant d’impatience de la retrouver. Et je crois qu’elle a bien fait… Blackmail blues est un polar d’apparence classique qui a su me prendre dans ses filets dès les premières lignes. Un duo d’enquêteurs attachant, une intrigue bien ficelée, une écriture pleine d’allant, un univers très actuel qui m’a fait penser aux enquêtes de ce cher Cormoran Strike. Espérons qu’elle poursuive les aventures de ce binôme « à l’ancienne » qui ravira les amateurs de polars d’ambiance..!
Blackmail blues de Chris Diehl, éditions du Toucan, 2017, 18,00 €
ISBN : 978-2-8100-0761-5
L’homme qui s’envola ou ce roman-piège qui m’a rendue complètement associable l’espace de quelques jours. Et ma rencontre, enfin, avec Antoine Bello. Les aficionados de l’auteur vous diront peut-être que ce n’est pas son meilleur. Qu’il faut à tout prix lire sa trilogie des Falsificateurs ou encore Ada. Ils m’attendent et je promets d’ailleurs de leur faire un sort. Alors oui, je n’ai pas fait les choses dans l’ordre mais ce roman là m’a bluffée. Le pot de confiture, quand vous mettez le doigt dedans, vous voyez…? Un homme qui fuit sa vie, un autre qui tente d’arrêter sa course, une réflexion pas si anodine sur le bonheur, le couple, la famille et ses carcans qui nous musellent. Intelligent, haletant, inventif, surprenant… je n’ai pas marché, j’ai couru ! !
L’homme qui s’envola de Antoine Bello, Gallimard, 2017, 20,00 €
ISBN : 978-2-07-019738-5
Fin de l’inventaire des chroniques oubliées avant de passer aux lectures estivales…! Il va d’ailleurs falloir que je me penche sur la question cruciale du choix des livres à glisser dans la valise. Une sélection toute personnelle que je peaufine encore et que je vous montrerai peut-être dans quelques jours…!
16 commentaires
zazy · 13 juillet 2017 à 19h55
Ma liste s’agrandit… Aurai-je le temps de lire ces livres ?
Fanny · 13 juillet 2017 à 20h00
Les voilà tes chroniques oubliées ! ?
( Heu ton blog a déconné ces derniers temps non? Impossible d’y accéder! Et j’ai reçu le mail de cet article aujourd’hui!)
krol · 14 juillet 2017 à 12h32
Intéressantes ces petites critiques qui disent l’essentiel !
Kathel · 14 juillet 2017 à 17h12
ça aurait été dommage de les passer sous silence…
Cajou · 14 juillet 2017 à 17h26
Coucou Noukette, contente que ton blog soit guéri 😀 Je retiens deux titres de ce billet. Le Christel Diehl parce que comme toi (et grâce à toi) j’avais adoré Enola Game. Puis Marx et la poupée car je l’ai reçu par hasard 🙂
Des gros bisous et profite bien de tes vacances chez toi sous le soleil.
Cajou
Mo · 14 juillet 2017 à 18h25
Quel bonheur de pouvoir revenir ici et… te lire !!!
Je note quelques pépites 😉 <3
Violette · 14 juillet 2017 à 19h43
tout ça!!!? Pour le Cabré et le De Luca, je suis un peu comme toi, d’ailleurs, j’en attends tant que je n’ose les lire!
Pour info, j’ai eu un mal fou à accéder à ton blog ces derniers jours:((
Delphine-Olympe · 16 juillet 2017 à 10h55
Pour être courts, ces commentaires n’en sont pas moins joliment troussés ! Je trouve notamment ta présentation du roman de Maryam Madjidi remarquable !
Valérie · 16 juillet 2017 à 17h09
C’est toujours un plaisir de voir les avis enthousiastes sur le Choplin.
Framboise · 16 juillet 2017 à 18h34
oh oui ce bonheur macopine de te voir revenue <3
des bisous jusqu'au ciel étoilé de Moris :-p
Jérôme · 18 juillet 2017 à 12h10
Choplin bien sûr ! Et je vais me régaler avec le Cabre, ça ne fait aucun doute.
Marie-Laure · 23 juillet 2017 à 22h49
Super ces petites critiques, merci ! Je n’ai, pour ma part, pas accroché à « La fiancée du facteur », par contre, j’ai hâte de commencer « L’homme qui s’envola »…
dasola · 25 juillet 2017 à 13h47
Bonjour, je note les nouvelles de Cabre et je compte bien lire le Bello dès que possible. Bonne après-midi.
Sylvie · 27 juillet 2017 à 12h27
J’ai pensé aussi aux enquêtes de mon cher Cormoran Stike et lisant « Blackmail blues ».
Dolly · 5 août 2017 à 14h24
Comme toi j’adore peaufiner ma liste de lecture à glisser dans ma valise ; hâte de découvrir ce que tu as lu cet été 🙂
lucie · 5 août 2017 à 17h17
je venais chercher des idées de lecture de vacances et bien me voilà avec l’envie de tout lire. J’avais adoré Enola game aussi? J’ignorais qu’elle avait écrit à nouveau…Et Bello je n’aurais pas imaginé que c’était si bon ! Merci !